Propos recueillis à l’occasion de la parution du livre « Le style Vartan »
Le style Vartan c’est une blonde sublime en smoking noir ! Qui, forcément, implique un mélange masculin/féminin et donc une ambigüité ! Il fut une époque ou le smoking était un ensemble en jean, s’opposant souvent à une mini robe lamé… C’est le glamour, la sensualité, mais aussi beaucoup de caractère et surtout un grand sens de l’humour… C’est ce cocktail qui engendre le style Vartan !
Vous êtes maintenant bien connus des fans de Sylvie. Vous êtes en effet déjà auteurs d’un abécédaire (« Une fille de l’Est ») et de l’ouvrage « Dans la lumière » paru chez XO en 2007. Pourquoi ce nouveau livre ?
Parce qu’il s’agit d’un thème, le style, la personnalité en fait, qui permet de découvrir l’artiste sous l’angle de l’influence qu’elle a pu avoir sur plusieurs générations d’adolescentes. Et puis le style, la mode, la manière d’être en phase avec une époque, c’est un sujet universel. Enfin parce que nous avions envie de retravailler avec Sylvie, évidemment !
En quoi sera-t-il différent des précédents ?
Il est entièrement axé autour du style et de la personnalité de Sylvie Vartan de ses débuts à nos jours. Il met en évidence une personnalité déjà bien installée alors qu’elle monte pour la première fois sur scène, et la manière dont son style s’est dessiné, sous sa propre influence, même si elle n’en avait pas conscience. Le livre est davantage consacré aux photos que les deux précédents, même s’il y avait beaucoup de photos dans Dans la lumière.
Pouvez-vous nous décrire votre livre ?
Le Style Vartan retrace cinq décennies où la personnalité de Sylvie s’installe à la scène comme à la ville à travers un style très personnel qui ne cède pas forcément à la mode, c’est cela qui est intéressant. Nous avons mis en avant les photos cultes mais découvert ou redécouvert également de nombreux inédits, entendez par là des photos qui n’avaient plus été exploitées depuis leurs publication presse en leur époque, voire jamais.
Dans quelle mesure Sylvie s’est-elle impliquée dans votre travail ?
Intégralement, comme pour l’ouvrage précédent. A partir du moment où un projet l’emballe, Sylvie s’implique totalement. Cela dit, ce livre ne s’est pas fait comme le précédent. Il s’est construit par phases. Même si le projet remonte à un moment déjà, nous nous sommes beaucoup vus avec Sylvie à partir du printemps, à Paris. Entre entretiens et conversations téléphoniques, c’est ainsi que le livre s’est fait. Sans oublier que Sylvie a rencontré l’équipe éditoriale aux éditions de La Martinière, avec nous au printemps également. On ne peut être plus impliqué.
On la dit attentive au moindre détail. Vous confirmez ?
Oui, mais ça n’était pas très nouveau pour nous. Ce n’est pas qu’elle soit attentive au moindre détail, au contraire, il y a même beaucoup de choses qu’elle zappe dans son rapport au temps et aux époques. Simplement, quand elle s’implique dans un projet, elle a une vue à 360 degrés. Rien ne lui échappe. Qu’il s’agisse d’un livre, d’un disque, d’un spectacle, Sylvie est aguerrie au travail d’équipe depuis toujours. Lorsqu’elle a intégré un projet, elle y pense en permanence, envoie un message, passe un coup de fil, pense à quelque chose, donne de nouvelles idées, bref elle est moteur. C’est rare et motivant.
A quand remonte votre passion pour Sylvie ?
C’est une des voix de l’enfance et de l’adolescence. À partir du moment où nous avons pu acheter des disques, au début des années soixante dix, les siens se sont imposés dans notre discothèque avec ceux de Carly Simon, Carole King, James Taylor et tout le groove de la Tamla Motown, Diana Ross en tête… En France, nous aimions surtout Gainsbourg et ses interprètes, Françoise Hardy et Véronique Sanson. Mais avec Sylvie il y avait une autre dimension… Elle est ensorcelante en fait ! Non ?
A qui le dites-vous ! Et pouvez-vous nous raconter votre première rencontre ?
Elle a eu lieu en 2004, dans un restaurant, tout près de chez elle, porte d’Auteuil, au printemps 2004, puis à l’automne, au Palais des Congrès et lors de l’inauguration de l’exposition de ses tenues de scène et de ville, au musée Galliera. Trois rencontres brèves mais fortes, où nous avons réalisé qu’elle pouvait être aussi timide que nous pouvions l’être ! Puis il y a eu un dîner très sympathique… Mais nous avons vraiment fait connaissance en travaillant chez elle à Los Angeles sur le livre « Dans la lumière ».
Quel regard Sylvie porte-elle sur son image ?
Un regard détaché, bienveillant, non narcissique. Assez proche de celui que tout un chacun peut avoir d’ailleurs. Ce qui nous frappe au premier plan lorsque nous revoyons des images du passé c’est ce qu’il se passait à ce moment-là. Sylvie n’échappe pas à la règle. Maintenant, nous savons à l’avance ce qui va lui plaire ou être plus difficile et pourquoi. Ce qu’elle vivait à ce moment-là de sa vie lui renvoie immédiatement un sentiment plus fort que l’image. Or, il se trouve que si elle a vécu des moments de bonheur intense, elle a également traversé des périodes particulièrement douloureuses et difficiles. Mais sans jamais s’apitoyer. Ce qui donne des photos magnifiques et ne permet pas toujours de comprendre pourquoi elle n’y tient pas.
Est-elle consciente de l’impact que son image a pu avoir ?
Pas au sens de ce que représente ce livre. C’est-à-dire la construction d’une image iconique. Car Sylvie est parfaitement sincère lorsqu’elle dit que sa carrière s’est faite à l’instinct et jamais par calcul. Nous l’avons vécu cette année avec elle pour le projet de la pièce de théâtre. Lorsqu’elle elle repartie mi-avril à LA, elle n’en connaissait pas l’existence. Début mai, elle a répondu oui à Isabelle Mergault sur un coup de cœur. Ça ne nous a pas étonnés car elle est exactement comme ça. C’est la Sylvie que nous connaissons depuis une dizaine d’années. Que ce soit Oui ou Non, elle est très directe, sans blesser. Pour en revenir à votre question, si elle avait conscience de ce que représente son image, elle serait « imbuvable ». Or elle est tout l’inverse. Toutes les personnes qui l’ont approchée ou l’approchent pour la première fois vous diront leur étonnement par rapport à ce à quoi ils s’attendaient.
Quel portrait de Sylvie se dégage à travers les différents témoignages que vous avez recueillis ?
Alors là, ça a été une surprise très agréable, pour ne pas dire touchante, à mesure que nous recueillions les témoignages. La cote d’amour de Sylvie, y compris chez les célébrités, est immense. Nous en sommes toujours étonnés. Et nous pouvons vous affirmer que cela n’est pas feint, ce ne sont pas des paroles de show bizz. Elle fait partie d’un très petit cercle de personnes qui ont le respect total d’un grand nombre de pairs.
Quel témoignage vous a le plus touchés/intéressés ?
Tous. Ils sont tous très justes, complémentaires ou très différents. Chacun à ses moments forts avec Sylvie ou vis-à-vis de sa carrière. Mais comme nous le disions tout à l’heure par rapport à elle, c’est toujours vis-à-vis de leur vie propre que les personnes se sont exprimées. Il y a de très belles choses. Etienne Daho, qui était en pleine tournée, nous a quand même balancé quelques « flashs », exactement ce que nous attendions de lui ! Carla Bruni nous a vraiment surpris, avec une vision très féminine et très juste. Stéphane Rolland, qui habille Sylvie depuis un certain temps et nous a confié ses souvenirs avec une grande élégance… Et que dire de Pierre & Gilles qui ont ouvert leurs cœurs et leurs archives, tout comme l’adorable François Nars. Merci à eux, comme à Jean Baptiste Mondino ou Dominique Besnehard, qui livrent des témoignages vrais, sincères. Idem pour Philippe Labro, Jean Marie Perier et Marc Bohan. Tous les intervenants ont été adorables… Même ceux qui au final n’ont pas pu témoigner. Il faut préciser que cet ouvrage s’est fait dans le rush ! Entre la Martinière, Sylvie et nous, le Ok définitif est arrivé assez tard ! Nous avions donc peu de temps pour recueillir des témoignages et en conséquence certaines personnes n’ont pas pu intervenir et cela n’est pas de leur faute. C’est dommage, mais c’est comme ça !
Deux autres frères font leur entrée dans la sphère Vartan. Il s’agit de Marc-Antoine et Olivier Coulon. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Cela fait longtemps que nous avions envie de collaborer avec Marc Antoine et Olivier Coulon et nous savions que Sylvie les appréciait… Ce livre était idéal pour concrétiser cette envie ! Marc Antoine est probablement l’illustrateur de mode le plus brillant du moment. Vogue, Le Figaro Madame ou Elle, son trait fort et élégant est partout et nous sommes très fiers de sa participation à l’ouvrage, à travers une magnifique série de portraits. Son frère, Olivier, a recréé plusieurs accessoires de la garde robe de Sylvie, comme la ceinture de la robe « étoilée » d’Yves Saint Laurent, mais aussi de délicieuses silhouettes de mode. Bref, leur collaboration fut un vrai bonheur. Une vraie rencontre. Et Sylvie a vraiment apprécié leur travail !
Certains documents sont incontournables, d’autres doivent être beaucoup plus rares j’imagine ?
Oui. Il y a les photos classiques, incontournables, comme « la casquette rouge » de Jean Marie Perier, la double pochette ouvrante de l’album La Maritza, ect… Mais nous avons aussi eu à cœur de faire sortir quelques inédits… Les archives de ELLE nous ont très gentiment ouvert leur porte. Résultat, quelques photos très rares des sixties. Nous aurions aimé en publier davantage, mais des problèmes de droits nous ont freinés dans nos ardeurs… Ces problèmes de droits ont d’ailleurs totalement modifié ce que le livre aurait pu être… Mais il n’est pas possible de contourner la législation actuelle…
Ca a dû être un véritable tour de force de les obtenir ?
Le tour de force n’est pas forcément de les obtenir mais d’obtenir l’autorisation de les publier à un prix raisonnable. Un livre comme celui-ci coûte cher. Mais, même s’il appartient à la catégorie Beaux livres et qu’il est publié par un grand éditeur, il ne peut être édité à n’importe quel prix. Il faut se faire à l’idée que certains documents n’ont pu être publiés car les prix qu’en demandaient les ayant droits étaient déraisonnables. Le livre n’en existe pas moins pour autant, rassurez-vous, tout particulièrement grâce à quelques artistes, comme François Nars, Pierre & Gilles ou encore Jean Baptiste Mondino qui ont été absolument formidables.
Et pour conclure, si vous deviez résumer le style Vartan en quelques mots ?
Le style Vartan c’est une blonde sublime en smoking noir ! Qui, forcément, implique un mélange masculin/féminin et donc une ambigüité ! Il fut une époque ou le smoking était un ensemble en jean, s’opposant souvent à une mini robe lamé… C’est le glamour, la sensualité, mais aussi beaucoup de caractère et surtout un grand sens de l’humour… C’est ce cocktail qui engendre le style Vartan !
Eric & Christian Cazalot sont auteurs de trois ouvrages sur Sylvie : « Une fille de l’Est » (Ed. Prélude et fugue, Collection Music Book, 2003), « Dans la lumière » (XO, 2008) et « Le style Vartan » (octobre 2015, Ed. La Martinière). Ils ont également conçu le programme de la tournée 2008. Ils sont par ailleurs auteurs d’un livre sur Serge Gainsbourg (« Le Maître Chanteur » paru en 2004) et d’un roman (« Come Back » publié chez Major Company Book en 2011).
Outre une interview exclusive de Sylvie et un texte des auteurs, on retrouve des témoignages de Marc Bohan, Stéphane Rolland, Carla Bruni, Jean Marie Perier, Étienne Daho, Jean Paul Gauthier, Dominique Besnehard, Pierre et Gilles, Philippe Labro, Franc Nars et Jean Baptiste Mondino. C’est avant tout un livre de photos avec pour objectif de décrire l’image de Sylvie à travers 5 décennies. Beaucoup de clichés (pris en studio, sur scène ou à la ville) emblématiques de la carrière de Sylvie, d’autres plus rares voire inédits. Les auteurs ont eu accès pour la première fois aux archives du magazine « ELLE » et ont ainsi découvert des photos inédites de séances photos des années 60. A signaler aussi la collaboration de Marc Antoine Coulon et son frère Olivier pour les illustrations.