Forever Sylvie

Propos recueillis parle Webmaster à l’occasion de l’Olympia 2017

Notre dernière interview pour le site officiel date de 2012.
2012 ? Ce n’est pas possible ! On ne voit pas le temps passer !

Entre temps, il y a eu “Ne me regardez pas comme ça” au théâtre des variétés avec Isabelle Mergault. Est-ce que la pièce été filmée ?
Non. Isabelle ne l’a pas souhaité car elle considère qu’une pièce n’est pas vraiment conçue pour être filmée, ce en quoi elle a raison. Mais j’aurais quand-même bien aimé malgré tout en conserver un souvenir.

Comment s’est passé la tournée ?
J’ai appris à connaître Isabelle, c’est vraiment une fille formidable. Et j’avoue qu’on s’est bien amusées tout au long des trois mois de tournée en France.

Vous avez aussi publié un livre en hommage à votre mère (“Maman” chez XO, 2016). Son destin a été tellement épique que cela pourrait faire l’objet d’un long métrage…
J’ai reçu des propositions dans ce sens. Pour l’instant c’est à l’état de projet. C’est sûr qu’il y a matière pour raconter l’histoire de sa vie.

Et que penseriez-vous de faire un biopic de votre autobiographie, basé sur votre livre “Entre l’Ombre et la lumière” (Autobiographie parue chez XO en 2004)…
Oui. C’est vrai que c’est très en vogue en ce moment. Je serais sûrement émue de revoir sur grand écran toutes les périodes de ma vie.

Il y a eu des “biopics” sur des chanteurs : Cloclo, Dalida.
Je comprends que cela plaise au grand public mais cela me met toujours un peu mal à l’aise de voir des gens que j’ai côtoyés et qui ne sont plus.

Vous gardez un bon souvenir de Dalida ?
Oh oui je l’aimais beaucoup, c’était une femme de cœur. Une gentille personne, vraiment.

Est-ce que vous envisageriez de créer une comédie musicale autour de vos chansons comme l’a fait France Gall avec “Résiste” ?
Je n’ai malheureusement pas pu voir ce spectacle mais j’en ai entendu le plus grand bien tant au niveau des interprètes que des chorégraphies. À ce jour, la seule comédie musicale que j’aurais aimé monter c’est « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll. Mais cela ne s’est pas fait à l’époque (en 1972). Le film de Tim Burton correspond tout à fait à ce que j’aurais aimé faire dans l’idéal.

Est-ce que vous suivez les buzz sur vous ou vos enfants sur Internet ?
Comme tout le monde je consulte des sites mais je le fais de manière irrégulière. Quant à mes enfants je les ai sur FaceTime et surtout au téléphone en direct.

Vous avez pourtant réagi quand la presse a parlé de votre santé
Dieu merci je n’ai pas eu de problème de santé si ce n’est que je me suis cassé le pied à Paris et que je me suis aussi cassé la main sur scène à Toulon !

Est-ce que vous mettez en garde Darina contre les risques d’emballement des réseaux sociaux ?
Je lui en parle bien sûr mais elle a bientôt 20 ans et prend son indépendance donc elle agit selon ses goûts et elle en assume les conséquences. Cela fait partie de l’apprentissage de la vie.

Elle compte toujours travailler dans le domaine du cinéma ?
Non pour le moment, elle souhaite se consacrer au stylisme.

On a aussi beaucoup parlé de l’interprétation de “La plus belle pour aller danser” par Audrey (The Voice) sur TF1 ?
C’était effectivement très émouvant, je comprends que cela ait touché les gens. De toute façon, je suis très cool avec mes chansons : on peut les reprendre pourvu qu’on en fasse quelque chose de différent. Quand on en livre une interprétation vraiment personnelle, cela devient une autre chanson. Les reprendre à l’identique n’aurait aucun intérêt, surtout si on se met à copier la voix de l’interprète original. Cela fait toujours plaisir de voir ses propres chansons traverser les époques et être interprétées par de nouveaux talents.
C’est intéressant de voir comment chacun arrive à s’approprier une chanson en la rendant parfois différente. Pour ma part, lorsque j’ai repris la chanson de Barbara « Mon enfance » qui est un véritable chef d’œuvre, j’ai adapté le tempo à ma sensibilité, ce qui en fait une version différente de l’originale.

Il m’est souvent arrivé de préférer certaines de vos adaptations aux originaux, surtout dans les années 60. D’ailleurs qui connait “Sad movies make me cry” (VO de “Quand le film est triste”) ?
Personne, sauf les puristes peut-être. Même moi je ne connaissais pas toujours la version originale du titre que j’enregistrais.

Votre passage sur TMC dans l’émission “Quotidien” a également été apprécié…
J’ai été très contente de rencontrer Yann Barthès et je dois dire que j’ai passé un très bon moment en sa compagnie. On sent qu’un travail sérieux a été fait en amont et cela est très agréable pour l’invité. En marge de l’émission, j’ai eu le plaisir de retrouver Julien Doré dans les coulisses. Cela m’a fait très plaisir de le revoir car je n’ai pas pu assister à son dernier spectacle.

Les journalistes vous parlent de Jojo Smith comme le chorégraphe qui vous a mis le pied à l’étrier en 1970. Or avant lui, il y a eu Arthur Plasschaert pour l’Olympia 68 ou Gino Landi à la télévision italienne…
Oui c’est vrai que j’ai travaillé avec beaucoup de chorégraphes talentueux. J’ai toujours aimé danser et c’est avec Arthur Plasschaert que j’ai commencé. Je garde de bons souvenirs de “Jolie poupée” et du “Sacha Sylvie show” mais ces collaborations ont été ponctuelles. On n’a pas bâti tout un spectacle ensemble pour la scène. Et les chansons restaient dans la tradition des grandes revues comme celles des shows italiens dont je garde aussi un très bon souvenir. Mais la façon d’enseigner le modern Jazz de Jojo Smith rompait avec cette tradition. Le choix de titres aussi était novateur : ‘Prends ma main” ou “Let the Sunshine in” par exemple. C’était une nouvelle façon d’aborder la danse dans la mesure où personne à l’époque ne l’avait fait de cette manière sur du Rock’ N Roll ou de la pop.

Les “Voices of East Harlem”, une troupe de noirs américains, faisaient partie de cette troupe. Le poing emblématique du mouvement contestataire “Black Power” figurait sur la scène. Vous aviez conscience du caractère militant du spectacle ?
Pas du tout ! Je ne me posais pas ce genre de questions. Je les ai fait venir car cela m’intéressait uniquement sur le plan artistique et que je les trouvais vraiment formidables. Je ne voulais pas me servir de la scène pour faire passer des messages.

Il y a pourtant une interview à la même époque où vous vous montrez sensible à la cause des noirs américains de Harlem.
Ah mais cela n’a rien a voir ! Cela ne m’empêche pas d’avoir des opinions. J’ai une conscience politique bien sûr. Mais chanter avec cette troupe restait un choix artistique. Si j’avais voulu militer, j’aurais fait de la politique. Je ne conçois pas la chanson comme cela. Au contraire, être artiste c’est s’évader, son rôle c’est d’apporter du rêve dans un monde où on est déjà saturés de drames et de politique. C’est peut-être différent pour la peinture, les écrivains ou des personnalités engagées qui veulent faire passer des idées dans des chansons. Mais le spectacle c’est fait pour transporter le public.

Danser avec des afro-américains n’en restait pas moins novateur…
J’ai toujours travaillé avec des danseurs noirs américains bien avant qu’on en voit à la télévision française. Quelques années après, j’ai travaillé avec Alan et Winston avec qui je faisais “Operator”. Et plus tard avec le tandem Gary Chapman et Peter Newton. Qu’est-ce qu’on s’est amusés ! J’ai eu la chance d’avoir des danseurs vraiment fabuleux.

Parlons du nouveau livre de Benoit Cachin qui va sortir le 31 août aux éditions Gründ…
Ce livre s’intitulera “La plus belle pour aller chanter” et traitera de tous mes albums depuis mes débuts à nos jours. Benoît avait déjà fait un travail très méticuleux sur mes chansons (1). C’est un vrai passionné ! Il a trouvé des anecdotes concernant chaque album et des interviews relatives à chaque décennie. Puis on a passé des heures à chercher les photos et à les sélectionner. J’ai été bluffée par la précision de son travail et la connaissance qu’il a de toute ma carrière qu’il semble connaître mieux que moi (rires) . Il faut vraiment être passionné pour y mettre autant de soin.

Il faudra y ajouter l’album prévu l’année prochaine. Avez-vous commencé à rassembler du matériel ?
Oui j’ai déjà des chansons prévues – une de Keren Ann et Doriand – et quelques autres dont certaines que j’ai chantées lors de mon dernier Olympia.

L’auteur de “Bye bye Baby”, Philippe Swan, vit aujourd’hui à Miami et expose sous le nom de Le Closier. On a sympathisé à l’occasion d’un vernissage.
Ce nom ne m’était pas inconnu et c’est Philippe Russo, mon Directeur artistique chez Sony, qui avait fait appel à lui sur mon album « In Nashville » pour le titre “Sandy” que j’aime beaucoup.

J’ai cru comprendre que le spectacle prévu les 15 et 16 septembre à l’Olympia sera chronologique…
En quelque sorte, oui. Le spectacle s’articulera en deux parties. La première évoquera les années 60 et 70, celles de l’innocence jusqu’à la naissance du Rock’N Roll… Après l’entracte, je revisiterai toutes mes chansons les plus marquantes des années 80 à nos jours. Pour faire ce choix, j’ai dû réécouter pratiquement toute l’intégralité de mes chansons. Il y en a plus de 1300 (rires) donc le choix est difficile et je dois avouer qu’il n’est pas encore définitif.

Vous vous souvenez de toutes vos chansons ? Même les faces B qui n’ont jamais été chantées sur scène ?
Oui ! Parfois le titre ne me dit rien mais cela me revient dès les premières notes. Cela paraît incroyable mais dès que je commence à l’écouter, je suis capable de me le remémorer.

Y compris les vieux inédits comme ceux qui ont été retrouvés pour le CD “En anglais et en américain” (Ace Records, 2016) ?
J’avoue que j’en avais oubliées. Par exemple, certains inédits . Comment le chef de projet, Alec Palao a-t-il fait pour retrouver tout cela ? Il a fait un travail in-cro-yable ! Je ne me souvenais pas du tout avoir enregistré “Stupid Cupid” ! Mais quand-même ça m’est revenu à l’écoute. J’ai bien envie d’en reprendre sur scène mais j’ai déjà sélectionné tellement de titres.

Pourquoi ne pas faire des medleys des tubes que l’on a beaucoup entendus ?
En général, le public n’apprécie pas les medleys. Mais ce peut être une solution pour pouvoir chanter plus de chansons que je ne le fais d’habitude.

Certains tubes n’ont pas été chantés depuis longtemps.
Des noms, des noms !

Je songe à “I’m watching” de Paul Anka.
C’est vrai, je ne l’ai pas retenue pour l’instant. Mais elle était quand-même dans le Juke-Box au Palais des Congrès. C’est vrai que cela fait déjà dix ans. Je vais peut-être réviser mon jugement. Mais il y a tant de chansons !

Et pour parler des tubes qui fâchent, il y a “Danse la chante la”.
Elle figure sur la liste car je veux vraiment faire plaisir au public qui me l’a souvent réclamée. Et même que j’ai prévu de la chanter en entier… si je la garde ! (rires).

Vous n’aimez pas beaucoup “Nicolas” non plus mais vous l’avez toujours chantée de bon cœur.
Je reconnais que c’est une jolie chanson même si j’ai fait un blocage pendant longtemps (rires).

Et le duo avec Michel Sardou “La première fois qu’on s’aimera” ?
J’ai envisagé de la refaire, mais la chanter seule n’apporterait pas grand-chose…

Sur le forum, les fans disent souvent aimer des titres méconnus comme “Bien sûr”.
(Elle commence à la fredonner). J’avoue que ce n’est pas ma préférée et elle n’est pas très scénique

Et “Le bonheur” ?
Là aussi, c’est l’exemple type du titre enregistré pour un album mais qui n’est pas fait pour la scène. Je pourrais citer un bon nombre de chansons qui pourraient rester des chansons d’album aussi belles soient-elles

Pour les chansons moins connues, je pensais à “On peut mourir le monde chante”.
Oui c’est une chanson qui a un bon rythme mais pour l’instant elle n’a pas sa place dans le spectacle (elle la fredonne). Le choix est d’autant plus difficile que je me dois d’interpréter des “incontournables” à la place de titres moins connus. Rien n’est plus frustrant pour un public que de ne pas entendre les tubes pour lesquels il s’est déplacé.

Est-ce que le spectacle sera capté pour un CD ou un DVD ?
Il y a plusieurs propositions en ce sens mais ce n’est pas encore arrêté à ce jour.

Avez-vous choisi le styliste qui vous habillera pour l’Olympia ?
Oui pour cette fois, ce sera Bouchra Jarrar la nouvelle styliste de Lanvin qui créera mes nouvelles tenues de scène.

Aujourd’hui que j’ai lu “Le style Vartan” (2), je comprends que votre couturier préféré soit Yves St-Laurent.
Ah oui, ses robes sont des bijoux. Je les ai toujours trouvées magnifiques mais à l’époque je ne me rendais pas compte du travail méticuleux que cela représentait. Par exemple pour mes robes pailletées, les perles étaient enfilées une par une et les paillettes cousues à la main, en dégradé. C’était un travail qu’on ne fait plus de la même manière aujourd’hui. Ces métiers artisanaux qui se perpétuaient de mère en fille tendent à disparaître, c’est dommage.

Est-ce qu’il y aura une tournée après l’Olympia 2017 ?
Oui certainement l’été prochain et il est possible que je retourne au Japon au Printemps.

Quelle sera la couleur de l’album prévu en 2018 ?
Je ne le sais pas encore. Il va falloir que je réécoute ce que j’ai déjà enregistré d’inédit. J’ai dans l’idée de regrouper dans un coffret, les trois albums de Nashville 1964, 2013 et le prochain. Mais je ne suis pas encore sûre de faire ce volume 3 car tout dépend des prochaines chansons que j’aurai sélectionnées ainsi que de mes envies. J’adore enregistrer à Nashville. On y trouve des musiciens hors pair. Non pas qu’il n’y en ait pas en France. J’ai la chance d’avoir des musiciens fantastiques ici aussi mais là-bas le dépaysement est total. Et c’est très inspirant car la musique est partout…

L’enregistrement se ferait de nouveau à Nashville ?
Peut-être. Ou à Memphis, ce n’est pas encore arrêté.

J’étais surpris de vous voir assister au concert de Depeche Mode à Bercy il y a quelques années…
J’adore Depeche Mode ! Surtout le titre “Enjoy the silence”. J’ai vu qu’ils devaient se produire bientôt à Paris mais malheureusement, je ne serai pas là.
Ma priorité actuelle c’est de faire l’affiche de mon Olympia en septembre et, pour mon plus grand bonheur, je retrouverai le complice de mes débuts Jean-Marie Périer pour la réaliser.
J’envisage également de projeter sur écran des moments forts des années 60, moments qui ont symbolisé ces périodes et qui ont marqué toute une jeunesse.

Des projets de films ?
Stéphanie Murat m’avait proposé un scénario vraiment original et j’espère qu’elle pourra concrétiser son projet.

“Tu veux ou tu veux pas” vient d’être diffusé à la télévision.
J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer avec Sophie Marceau et Patrick Bruel et je garde un très bon souvenir de ma collaboration avec Tonie Marshall.

D’autres propositions de théâtre ?
Je sais que mon agent Patrick Goavec a été contacté pour différents projets mais là je suis toute à la création de mon Olympia où j’ai hâte de retrouver mon public.

Etes-vous retournée sur votre site officiel récemment ?
Non malheureusement, pas récemment. Mon travail, mes voyages, ma vie trépidante ne me laissent pas le loisir de m’y consacrer comme je l’aimerais.
De même, les deux créateurs du site “Sylvissima” m’ont fait passer un DVD de 10 mn intitulé “Florilège”. Comme je suis toujours entre deux avions, je l’ai laissé de côté avant de le regarder et j’ai été bluffée par ce montage sur “Dancing Star”. Je m’en suis voulu de ne pas les avoir remerciés plus tôt faute de temps. Même si je ne m’intéresse pas à moi-même, je suis toujours émue par les initiatives me concernant. Quand j’étais plus jeune, cela me faisait plaisir mais superficiellement. Aujourd’hui, cela me touche davantage.

J’avais entendu parler d’un projet d’exposition vous concernant pour la rentrée à l’Olympia…
Oui il en est question. Ce sera une exposition comme celle qui a été consacrée à Brigitte Bardot (3) et qui a connu un gros succès. Ce projet retracera ma vie et ma carrière en plus de 300 photos. Ce sont Eric et Christian Cazalot qui seront les concepteurs de cet événement.
Je peux leur faire confiance, je connais la qualité et la précision de leur travail. Ils me l’ont démontré à travers leur dernier ouvrage « Le style Vartan » qu’ils ont si bien conçu. Que ce soit eux, Benoit Cachin, Camilio Daccache, Stéphane Caron -ou Christophe Daniel dans un autre domaine tout aussi artistique- je suis toujours heureuse et surprise de voir quel soin et quelle passion ils mettent dans leur travail.
Vous aussi Laurent, vous faites partie de ces personnes si importantes pour moi, tout comme le très talentueux Jean-Jacques Billoré à qui je viens de confier la réalisation de mon programme de l’Olympia et certains tableaux du spectacle.
Et à vous mes chers amis, je dis à bientôt et passez de belles vacances où que vous soyez.

(1) “Dictionnaire des chansons de Sylvie Vartan” de Benoit Cachin, éd. Tournon, 2005
(2) « Le style Vartan » d’Eric & Christian Cazalot , éd. de la Martinière, 2015
(3) L’exposition s’était tenue du 29 septembre au 31 janvier 2010 à l’espace Landowski de Boulogne-Billancourt

Propos recueillis à Paris, le 2 juin 2017

Avec l’aimable autorisation de www.sylvissima.com

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