Paroles 2009

JE CHANTE LE BLUES

(CARLA BRUNI)

MOI JE CHANTE LE BLUES
MÊME SI LE BLUES N’EST PAS
POUR LES FILLES COMME MOI
C’EST QUE J’AIME TANT LE BLUES
MÊME SI LE BLUES, LUI, NE M’AIME PAS

JE SUIS BIEN TROP PÂLE POUR LE BLUES
JE N’EN AI NI L’ÂME NI LA VOIX
POURTANT MA VIE N’EST RIEN QU’UN BLUES
TROIS NOTES SANS POURQUOI
QUE L’ON ME DONNE LE BLUES
CAR LE BLUES, LUI, SE DONNE TOUT À MOI

DEPUIS LE BERCEAU, LE BLUES
REMPLIT MA VIE, MON COEUR ET MES DOIGTS
JE SUIS BIEN TROP FRÊLE POUR LE BLUES
JE N’EN AI NI LA CHAIR NI LA FOI
POURTANT MA VIE N’EST RIEN QU’UN BLUES
TROIS NOTES SANS POURQUOI
VOIS COMME IL ME PREND LES MAINS
VOIS COMME IL SE NICHE AU CREUX DES REINS
OH DOUCE
IL M’ENVELOPPE, IL ME PREND, IL ME TIENT
JE CONNAIS SON PARFUM

C’EST QUE JE SAIS BIEN LE BLUES
JE LE BOIS, IVRE, DE LUI JUSQU’AU PETIT MATIN
RIEN À FAIRE CONTRE LE BLUES
IL VOUS FRAPPE, HAPPE, ET VOUS LAISSE ERRANT COMME UN CHIEN
AINSI JE CHANTE LE BLUES
MALGRÉ LA PÂLEUR DE MON DESTIN
CAR LA VIE PASSE TOUT COMME UN BLUES
TROIS NOTES ET PLUS RIEN

VOIS COMME IL SE PENCHE SUR MOI
COMME IL SE RÉJOUIT DE MES CHAGRINS
REGARDE IL ME SUIT PAS À PAS
VOIS COMME IL ME RÉVEILLE AU MATIN
ET ALORS JE CHANTE LE BLUES
MÊME SI LE BLUES N’EST PAS POUR LES FILLES COMME MOI


SIGNÉ SAGAN

(D. BARBELIVIEN)

UN GESTE, UN FRISSON DE SEPTEMBRE
CETTE VOIX QUE JE CROIS ENTENDRE
COMME UN MURMURE DÉSENCHANTÉ
DU MOZART EN ACCÉLÉRÉ

LES ÉPAULES PENCHÉES SUR UN LIVRE
LA PRISON DES GENS VRAIMENT LIBRES
COMBIEN DE NUITS À SES ROMANS
MIEUX QU’UNE AMIE, MIEUX QU’UN AMANT

UN CERTAIN SOURIRE PEUT-ÊTRE
L’ENVIE D’ÊTRE OU NE PAS ÊTRE
QUELQUES MOTS ÉCRITS SUR LE VENT
ET D’UNE PLUME, SIGNÉ SAGAN

UN VERRE DE WHISKY POUR QUOI FAIRE
SUR LE SOLEIL DES TAPIS VERTS
CETTE FAÇON DE TENIR SES GANTS
CETTE ÉLÉGANCE ÉPERDUMENT

SOUS LA FUMÉE DES CIGARETTES
BRÛLE LA VIE DES MARIONNETTES
CETTE IMPATIENCE AU BOUT DU TEMPS
LA POLITESSE DES INSOLENTS

AIMEZ-VOUS BRAHMS NOUS DIT-ELLE
ET CETTE MUSIQUE INFIDÈLE
QUELQUES PHRASES ÉCRITES EN PASSANT
MAIS D’UNE PLUME, SIGNÉ SAGAN

VIVRE SA VIE À TOUTE ALLURE
UNE GIFLE À LA LITTÉRATURE
DES PRIX COMME DES BONS POINTS D’ENFANT
SOULIERS D’OR ET SOUCIS D’ARGENT

OÙ VONT LES MERVEILLEUX NUAGES
AU BOUT DU COMPTE AU BOUT DE L’ÂGE
MOURIR N’EST PAS SI IMPORTANT
L’HIVER N’ÉVITE PAS LE PRINTEMPS

ET DE GUERRE LASSE ON S’APPRÊTE
À QUITTER LES BRUITS DE LA FÊTE
ÉCRIRE LE MOT FIN SIMPLEMENT
ET D’UNE PLUME, SIGNÉ SAGAN
D’UNE PLUME SIGNÉ SAGAN


L’AMOUR AVEC DES SENTIMENTS

(ERIC CHEMOUNY – S. VARTAN)

DERNIER REGARD DANS LE MIROIR
JE ME FAIS BELLE SANS TROP Y CROIRE
DU ROUGE À JOUE POUR FAIRE MOINS SAGE
POUR PLAIRE À DES HOMMES SANS VISAGE
ENCORE UN JOUR DE VAGUE À L’ÂME
ON NE M’APPELA PAS MADAME
ON NE ME DIRA RIEN DU TOUT
OU SIMPLEMENT «COMBIEN?», C’EST TOUT

PLANTÉE SUR MES TALONS AIGUILLES
JE RESSEMBLE À CES AUTRES FILLES
À CHACUNE SA PORTE COCHÈRE
SON BOUT DE CIEL, SON RÉVERBÈRE
JE COMPTE LES PAVÉS LUISANTS
MAIS QUOI FAIRE D’AUTRE EN ATTENDANT
CELUI QUI FERAIT UN DÉTOUR
POUR QUELQUES MINUTES D’AMOUR

COMME SI MA VIE NE VALAIT RIEN
JE M’HABITUE AU TEMPS DE CHIEN
À CES NUITS MOINS BELLES QUE MES JOURS
QUI ME JOUE TANT DE MAUVAIS TOURS
MÊME SI MA VIE N’EST QUE DENTELLES
ET ODEURS DE CHAMBRE D’HÔTEL
JE RÊVE DE FAIRE DE TEMPS EN TEMPS
L’AMOUR AVEC DES SENTIMENTS

TOUS LES GENS PASSENT SANS ME VOIR
OU PRÉFÈRENT CHANGER DE TROTTOIRS
QUAND JE VOUDRAIS TANT LEUR CRIER
JE NE SUIS PAS CELLE QUE VOUS CROYEZ
REGARDEZ-MOI JUSTE UN INSTANT
JE SUIS FAITE DE CHAIR ET DE SANG
J’AI PEUT-ÊTRE PLUS DE SENS MORAL
QUE CEUX QUI MÈNENT UNE VIE NORMALE

ET TOI QUI VIENS DE NULLE PART
ATTIRÉ PAR MES DESSOUS NOIRS
CES BAS QUI EN ONT VU FILER
DES HOMMES PRESSÉS SOUVENT MARIÉS
N’IMAGINE PAS ME POSSÉDER
EN ÉCHANGE DE BILLETS FROISSÉS
DERNIER REGARD DANS LE MIROIR
ET RETOUR À LA CASE DÉPART

COMME SI MA VIE NE VALAIT RIEN
JE M’HABITUE AU TEMPS DE CHIEN
À CES NUITS MOINS BELLES QUE MES JOURS
QUI ME JOUE TANT DE MAUVAIS TOURS
MÊME SI MA VIE N’EST QUE DENTELLES
ET ODEURS DE CHAMBRE D’HÔTEL
JE RÊVE DE FAIRE DE TEMPS EN TEMPS
L’AMOUR AVEC DES SENTIMENTS

JE RÊVE DE FAIRE DE TEMPS EN TEMPS
L’AMOUR AVEC DES SENTIMENTS


NE S’ATTACHER À RIEN

(PIERRE-DOMINIQUE BURGEAUD – ALAIN LANTY)

PUISQUE TOUT SE DÉFILE
DANS CE MONDE REPTILE
ET GLISSE ENTRE NOS MAINS

PUISQUE TOUT NOUS ÉCHAPPE
D’UN COUP OU PAR ÉTAPE
IL FAUDRAIT C’EST CERTAIN, C’EST CERTAIN

NE S’ATTACHER À RIEN
NI AUX IMAGES NI AUX PARFUMS
NE S’ATTACHER À RIEN, À RIEN

NE S’ATTACHER À RIEN
NI À UN DIEU NI MÊME À UN CHIEN
SE SENTIR LIBRE ENFIN, ENFIN

PUISQUE TOUT SE FAUFILE
LES PROMESSES HABILES
QUE JAMAIS ON NE TIENT

PUISQUE TOUT EST ANGUILLE
LE TEMPS ET SES AIGUILLES
LES BEAUX SOLEILS DE JUIN, DE JUIN

NE S’ATTACHER À RIEN
NI AUX IMAGES NI AUX PARFUMS
NE S’ATTACHER À RIEN, À RIEN

NE S’ATTACHER À RIEN
NI À UN DIEU NI MÊME À UN CHIEN
SE SENTIR LIBRE ENFIN, ENFIN

MÊME SI LA VIE NE NOUS LAISSE PAS TOUJOURS LE CHOIX
MÊME SI PARFOIS NOTRE LAISSE ON NE LA VOIT PAS
NE S’ATTACHER À RIEN, À RIEN
NE S’ATTACHER À RIEN, À RIEN

NE S’ATTACHER À RIEN
NI AUX PRINCES NI AUX VAURIENS
ET VIVRE LIBRE ENFIN, VIVRE LIBRE ENFIN
NE S’ATTACHER À RIEN


IL ME SEMBLE

(MARC LAVOINE – A. LANTY)

IL ME SEMBLE
QU’ELLE TE RESSEMBLE
ELLE ME FAIT L’EFFET
D’ÊTRE ENSEMBLE
MAIS IL ME SEMBLE
QUE JE PERDE TU SAIS

MOI QUE TOUT TOUCHE COMME UNE ROBE QUE TOUT TACHE
S’ATTACHE, S’ACCROCHE ET S’ARRACHE

IL ME SEMBLE
ET JE TREMBLE
CA FAIT PAS SEMBLANT

ON ENGENDRE
ET L’ON FLAMBE
LA VIE ET L’ARGENT

MOI QUE TOUT TOUCHE MÊME LA MORT DES MOUCHES
LES CHAGRINS D’AMOUR SE MOUCHENT

IL ME SEMBLE
QU’ELLE TE RESSEMBLE
SOUDAIN JE ME SENS

PRISE AU PIÈGE
LE DOUX PIÈGE
QUE LE TEMPS NOUS TEND

MOI QUE TOUT TOUCHE LA DOUCEUR DU CHAT DOUCHE
JE TE LAISSE LIRE SUR MA BOUCHE

IL ME SEMBLE
QUE TOUT RASSEMBLE
AUTOUR DE DEMAIN

SI SENSIBLE
SI SEMBLABLE
DEUX PETITES MAINS

MOI QUE TOUT TOUCHE ET QUI PARFOIS TOUT GÂCHE
CE SOIR MON ÉMOI SE CACHE

IL ME SEMBLE
QU’ELLE TE RESSEMBLE
J’EN SUIS SURE C’EST FAIT

UNE ÉTOILE
ET SES BRANCHES
SCINTILLE À JAMAIS


TOUTES PEINES CONFONDUES

(MICHEL JOURDAN – JANNICK TOP & SERGE PERATHONER)

TU REMONTES LE COURANT, JE REPRENDS LE DESSUS
NOUS N’AVONS FINALEMENT NI GAGNÉ NI PERDU
EN FAISANT LE TOTAL SANS AUCUNE RETENUE
ON S’EN SORT PAS SI MAL TOUTES PEINES CONFONDUES

LA MULTIPLICATION DES PETITES DIVISIONS
NOTRE SÉPARATION POUR UNIQUE SOLUTION
EN FAISANT LE TOTAL SANS AUCUNE RETENUE
ON S’EN SORT PAS SI MAL TOUTES PEINES CONFONDUES

EN SOUVENIR DE NOUS DEUX
JE TE SOUHAITE D’ÊTRE HEUREUX
EMPORTE LE DOUBLE DE MA CLÉ
COMME ÇA POUR RIEN, NON MAIS,
ON NE SAIT JAMAIS
POUR NE PAS ME TRAHIR
J’ESSAIE DE TE SOURIRE
C’EST MOINS FACILE QUE J’AURAI CRU
MAIS LA VIE CONTINUE TOUTES PEINES CONFONDUES

TU REMONTES LE COURANT, JE REPRENDS LE DESSUS
JE NE FAIS SEULEMENT QUE TRICHER UN PEU PLUS
JE MOUILLERAI DE KLEENEX
DEUX OU TROIS TOUT AU PLUS
JE T’APPELLERAI MON EX
ON NE SE VERRA JAMAIS PLUS

EN SOUVENIR DE NOUS DEUX
JE TE SOUHAITE D’ÊTRE HEUREUX
EMPORTE LE DOUBLE DE MA CLÉ
COMME ÇA POUR RIEN, NON MAIS,
ON NE SAIT JAMAIS
POUR NE PAS ME TRAHIR
J’ESSAIE DE TE SOURIRE
C’EST MOINS FACILE QUE J’AURAI CRU
MAIS LA VIE CONTINUE
TOUTES PEINES CONFONDUES

TU REMONTES LE COURANT, JE REPRENDS LE DESSUS
NOUS N’AVONS FINALEMENT NI GAGNÉ NI PERDU
JE MOUILLERAI DE KLEENEX, MOI
JE T’APPELLERAI MON EX, TOI
C’EST MOINS FACILE QUE J’AURAI CRU
MAIS LA VIE CONTINUE
TOUTES PEINES CONFONDUES
TOUTES PEINES CONFONDUES
TOUTES PEINES CONFONDUES


À LAISSER OU À PRENDRE

(BRICE HOMS – A. LANTY)

QU’EST-CE QUE L’AMOUR SAIT DE L’AMOUR?
LUI QUI N’A JAMAIS CONNU RIEN D’AUTRE
SAIT-IL COMBIEN C’EST INCERTAIN
D’ÊTRE LE QUELQU’UN DE QUELQU’UN D’AUTRE

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES

QU’EST-CE QUE L’AMOUR VEUT DE L’AMOUR?
LUI QUI JOUE TOUJOURS À QUI PERD GAGNE
EST-CE QUE L’EFFORT LE REND PLUS FORT?
S’IL NOUS FAIT DÉPLACER DES MONTAGNES

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES

QU’EST CE QUE L’AMOUR FAIT DE L’AMOUR?
QUAND À FORCE UN BEAU JOUR IL LE TROUVE
IL FAIT D’UN TOUT PLUS FORT QUE TOUT
QUI JAMAIS NE SE PERD SE RETROUVE

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES

Y’A RIEN À COMPRENDRE
C’EST À LAISSER OU À PRENDRE
ON A BEAU ATTENDRE
LE FEU FINIT TOUJOURS EN CENDRES


L’UN PART, L’AUTRE RESTE

(NATHALIE RHEIMS – FRÉDÉRIC BOTTON)

ONT-ILS OUBLIÉ LEURS PROMESSES
AU MOINDRE RIRE AU MOINDRE GESTE
LES GRANDS AMOURS N’ONT PLUS ADRESSE
QUAND L’UN S’EN VA ET L’AUTRE RESTE

N’EST-IL PÊCHÉ QUE DE JEUNESSE
N’EST-IL PASSÉ QUE RIEN NE LAISSE
LES GRANDS AMOURS SONT EN DÉTRESSE
LORSQUE L’UN PART ET L’AUTRE RESTE

RESTE CHEZ TOI
VIEILLIS SANS MOI
NE M’APPELLE PLUS
EFFACE-MOI
DÉCHIRE MES LETTRES
ET RESTE LÀ
DEMAIN PEUT-ÊTRE
TU REVIENDRAS

GESTES D’AMOUR ET DE TENDRESSE
TELS DEUX OISEAUX EN MAL D’IVRESSE
LES GRANDS AMOURS N’ONT PLUS D’ADRESSE
QUAND L’UN S’EN VA L’AUTRE RESTE

ONT-ILS CHAGRINS DÈS QU’ILS VOUS BLESSENT
AU LENDEMAIN DE MALADRESSE
LES GRANDS AMOURS SONT EN DÉTRESSE
LORSQUE L’UN PART ET L’AUTRE RESTE

DES TRISTES ADIEUX
QUE D’ILLUSION
SI C’EST UN JEU
CE SERA NON
RENDS-MOI MES LETTRES
ET RESTE LÀ
DEMAIN PEUT-ÊTRE
TU COMPRENDRAS

DES TRISTES ADIEUX
QUE D’ILLUSION
SI C’EST UN JEU
CE SERA NON
RENDS-MOI MES LETTRES
ET RESTE LÀ
DEMAIN PEUT-ÊTRE
TU COMPRENDRAS

ILS N’OUBLIERONT PAS LEURS PROMESSES
ILS S’ÉCRIRONT AUX MÊMES ADRESSES
LES GRANDS AMOURS SE RECONNAISSENT
LORSQUE L’UN PART ET L’AUTRE RESTE


UNE LETTRE D’AMOUR

(E. CHEMOUNY – S. VARTAN)

QU’ELLE SOIT TAPÉE À LA MACHINE
AVEC DES MOTS DE TOUS LES JOURS
OU ÉCRITE À L’ENCRE DE CHINE
COMME IMPRIMÉE SUR DU VELOURS
QU’ELLE RAPPELLE LE TEMPS DU COLLÈGE
OU DE LONGS WEEK-ENDS À CABOURG
IL N’Y A RIEN DE PLUS SACRILÈGE
QUE BRÛLER UNE LETTRE D’AMOUR

PARCE QUE C’EST LA SEULE CHOSE QUI RESTE
QUAND LE SPECTACLE EST TERMINÉ
PLUS QUE LES PAROLES ET LES GESTES
LES FLEURS QU’ON A LAISSÉ FANER
PARCE QUE C’EST LA SEULE CHOSE AU MONDE
QUE LE TEMPS NE PEUT EFFACER
QUE CE BONHEUR QUI NOUS INONDE
POUR UN SIMPLE BOUT DE PAPIER

QU’ELLE RACONTE CLANDESTINE
D’UN HOMME ET D’UNE FEMME AU COEUR LOURD
DE DEVOIR RESTER ANONYMES
AU LIEU DE S’AIMER AU GRAND JOUR
QUAND LES MOTS S’ACCORDENT EN ARPÈGE
COMME SUR UNE MUSIQUE DE GAINSBOURG
IL N’Y A RIEN DE PLUS SACRILÈGE
QUE BRÛLER UNE LETTRE D’AMOUR

PARCE QUE C’EST LA SEULE CHOSE QUI RESTE
QUAND LE SPECTACLE EST TERMINÉ
PLUS QUE LES PAROLES ET LES GESTES
LES FLEURS QU’ON A LAISSÉ FANER
PARCE QUE C’EST LA SEULE CHOSE AU MONDE
QUE LE TEMPS NE PEUT EFFACER
QUE CE BONHEUR QUI NOUS INONDE
POUR UN SIMPLE BOUT DE PAPIER

PARCE QUE C’EST LA SEULE CHOSE AU MONDE
QUE LE TEMPS NE PEUT EFFACER
QUE CE BONHEUR QUI NOUS INONDE
POUR UN SIMPLE BOUT DE PAPIER

QU’ON PUISSE Y LIRE ENTRE LES LIGNES
LES TREMBLEMENTS, LES RATURES
OU LES PETITES PHRASES ASSASSINES
COMME UN AVANT-GOÛT DE RUPTURE
IL N’Y A RIEN DE PLUS SACRILÈGE
QUE BRÛLER UNE LETTRE D’AMOUR


CE QUE JE SUIS

(D. BARBELIVIEN)

UN ZESTE DE MARGUERITE ET UNE FLEUR D’ORTIE
UNE PRINCESSE EN FUITE, UNE MARGOT SOUS LA PLUIE
LA CHANSON D’UN POÈTE, LA DIVINE COMÉDIE
JE NE SAIS PAS QUI VOUS ÊTES, VOILÀ CE QUE JE SUIS

UN VIOLON DE SEPTEMBRE, UN CLOWN QUI ENTRE EN PISTE
QUELQUE CHOSE QUI RESSEMBLE À UN SALUT D’ARTISTE
UN MÉLANGE D’ÉMOTION ET DE FOU RIRE GRATUIT
MÊME SANS VOUS DIRE MON NOM, VOILÀ CE QUE JE SUIS

ET TOUTES CES CHOSES QUE JE NE DIS PAS
CES NUITS D’ENFANCE QUI DORMENT EN MOI
SUR L’OREILLER DE ROSE
LA LUNE N’EFFACE PAS LA NUIT

UNE PHOTO DE DOISNEAU OÙ DEUX AMANTS SURPRIS
UNE ALLURE DE MOINEAU QUI A TROP VU PARIS
UNE LETTRE DE TOI QUE TU NE M’AS PAS ÉCRITE
UN MÉLANGE DE TOUT ÇA, VOILÀ CE QUE JE SUIS

ET TOUTES CES CHOSES QUE JE NE DIS PAS
CES NUITS D’ENFANCE QUI DORMENT EN MOI
SUR L’OREILLER DE ROSE
LE VENT N’EFFACE PAS LA PLUIE

UNE FEMME À SA FENÊTRE, LES DIMANCHES À ORLY
LES FÊTES À MES DÉFAITES, UN VOLCAN D’ÉNERGIE
QUELQUES BULLES DE CHAMPAGNE POUR ENVOLER LA VIE
FIDÈLE ET COURTISANE, VOILÀ CE QUE JE SUIS

ET TOUTES CES CHOSES QUE JE NE DIS PAS
CES NUITS D’ENFANCE QUI DORMENT EN MOI
SUR L’OREILLER DE ROSE
LE TEMPS N’EFFACE PAS L’OUBLI


MÉLANCOLIE

(D. BARBELIVIEN / MICHAËL OHAYON)

MÉLANCOLIE TU ME VAS BIEN
COMME UN COLLIER, COMME UN PARFUM
DE ROSE ET DE MIEL
ENROBÉ DE BLEUET

MÉLANCOLIE DES VIOLONCELLES
JE SUIS DE CEUX, JE SUIS DE CELLES
POUR QUI TU JOUES TOUJOURS EN SECRET

QUAND TU ME PRENDS CONTRE TOI
TU ME SERS ENTRE TES BRAS
DANS UNE VALSE QUI A DISPARU
ET MOI JE TE SUIS PAS À PAS
BERCE-MOI COMME L’ENFANT QUE JE NE SUIS PLUS
LA JEUNE FILLE PERDUE

MÉLANCOLIE DANS LA MAISON
C’EST TON JARDIN, C’EST TA SAISON
DANS MON CHÂLE DE LAINE JE T’ATTENDS CHAQUE SOIR

MÉLANCOLIE AU VENT D’AUTOMNE
ON SE CONNAÎT, ON SE PARDONNE
TOUS NOS REGRETS DEVANT LES MIROIRS

QUAND TU ME PRENDS CONTRE TOI
TU ME SERS ENTRE TES BRAS
DANS UNE VALSE QUI A DISPARU
ET MOI JE TE SUIS PAS À PAS
BERCE-MOI COMME L’ENFANT QUE JE NE SUIS PLUS
LA JEUNE FILLE PERDUE

QUAND TU ME PRENDS CONTRE TOI
TU ME SERS ENTRE TES BRAS
DANS UNE VALSE QUI A DISPARU
ET MOI JE TE SUIS PAS À PAS
BERCE-MOI COMME L’ENFANT QUE JE NE SUIS PLUS
LA JEUNE FILLE PERDUE


LA CHANTEUSE A 20 ANS

(S. LAMA – A. DONA)

ELLE ARRIVE À HUIT HEURES, PERSONNE N’EST ENCORE LÀ
ELLE FERME À DOUBLE TOUR SA LOGE, ET LA VOILÀ
QUI D’UN AIR ATTENDRI SOURIT À SON MIROIR
ÇA FAIT BIENTÔT 30 ANS QU’ELLE FAIT ÇA TOUS LES SOIRS

PUIS ELLE PREND SON VISAGE À DEUX MAINS
LE CARESSE COMME SI ÇA N’ÉTAIT PLUS LE SIEN
PUIS ELLE PRENDS LES FARDS ET LES CRAYONS
SE DESSINE UN SOURIRE AVEC APPLICATION
LES FAUX CILS, LA LONGUE ROBE NOIRE
LES SOULIERS DE SATIN, LA PERRUQUE D’ARGENT
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS

PUIS ELLE RENTRE EN ÉCARTANT LES BRAS
COMME SI ELLE RENTRAIT POUR LA PREMIÈRE FOIS
PUIS ELLE CHANTE AVEC CETTE VOIX-LÀ
COMME DISENT LES JOURNAUX QU’ON NE REMPLACE PAS
ELLE SOURIT AVEC CE SOURIRE-LÀ
QUI N’APPARTIENT QU’À ELLE ET QUE NOUS AIMONS TANT
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS

PUIS ELLE SORT ÉPUISÉE, SON MAQUILLAGE FOND
ELLE RÉPOND D’UN AIR TRISTE À DEUX OU TROIS QUESTIONS
ELLE S’HABILLE EN CIVIL, ELLE RENTRE DANS L’AUTO
PUIS S’ENDORT SUR L’ÉPAULE DE SON IMPRESARIO

ELLE REVOIT L’ALCAZAR ET DEAUVILLE
À L’ÉPOQUE OÙ LES HOMMES ÉTAIENT ENCORE DOCILES
ELLE REVOIT MÊME CE PETIT CHANTEUR
SACRIFIANT SON CACHET POUR LUI OFFRIR DES FLEURS
ELLE REVOIT CES AMOUREUX TRANSIS
QUI JETAIENT DANS SON LIT DES COLLIERS DE DIAMANTS
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS

PUIS ELLE RENTRE EN ÉCARTANT LES BRAS
COMME SI ELLE RENTRAIT POUR LA PREMIÈRE FOIS
PUIS ELLE CHANTE AVEC CETTE VOIX-LÀ
COMME DISENT LES JOURNAUX QU’ON NE REMPLACE PAS
ELLE SOURIT AVEC CE SOURIRE-LÀ
QUI N’APPARTIENT QU’À ELLE ET QUE NOUS AIMONS TANT
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS

PUIS ELLE RENTRE EN ÉCARTANT LES BRAS
COMME SI ELLE RENTRAIT POUR LA DERNIÈRE FOIS
ELLE SE PLAINT AVEC CETTE VOIX-LÀ
COMME DIRONT LES JOURNAUX QU’ON NE REMPLACERA PAS
PUIS ELLE PLEURE AVEC CE SOURIRE-LÀ
QUI N’APPARTIENT QU’À ELLE ET QUE NOUS AIMIONS TANT
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS

PUIS ELLE RENTRE EN ÉCARTANT LES BRAS
PUIS ELLE CHANTE AVEC CETTE VOIX-LÀ
ELLE SOURIT AVEC CE SOURIRE-LÀ
QUI N’APPARTIENT QU’À ELLE ET QUE NOUS AIMONS TANT
MAINTENANT LA CHANTEUSE À 20 ANS


EBONY AND IVORY

(MC CARTNEY)EBONY AND IVORY LIVE TOGETHER IN PERFECT HARMONY
SIDE BY SIDE ON MY PIANO KEYBOARD, OH LORD, WHY DONT WE?WE ALL KNOW THAT PEOPLE ARE THE SAME WHERE EVER WE GO
THERE IS GOOD AND BAD IN EVRYONE,
WE LEARN TO LIVE, WE LEARN TO GIVE EACH OTHER
WHAT WE NEED TO SURVIVE TOGETHER ALIVEEBONY AND IVORY LIVE TOGETHER IN PERFECT HARMONY
SIDE BY SIDE ON MY PIANO KEYBOARD, OH LORD WHY DONT WE?EBONY, IVORY LIVING IN PERFECT HARMONY
EBONY, IVORY, OOHWE ALL KNOW THAT PEOPLE ARE THE SAME WHERE EVER WE GO
THERE IS GOOD AND BAD IN EVRYONE,
WE LEARN TO LIVE, WE LEARN TO GIVE EACH OTHER
WHAT WE NEED TO SURVIVE TOGETHER ALIVEEBONY AND IVORY LIVE TOGETHER IN PERFECT HARMONY
SIDE BY SIDE ON MY PIANO KEYBOARD, OH LORD WHY DONT WE?EBONY, IVORY LIVING IN PERFECT HARMONY


MON ENFANCE

(BARBARA)J’AI EU TORT, JE SUIS REVENUE,
DANS CETTE VILLE, AU LOIN, PERDUE,
OÙ J’AVAIS PASSÉ MON ENFANCE,
J’AI EU TORT, J’AI VOULU REVOIR,
LE CÔTEAU OÙ GLISSAIT LE SOIR,
BLEU ET GRIS, OMBRE DE SILENCE,
ET J’AI RETROUVÉ, COMME AVANT,
LONGTEMPS APRÈS,
LE CÔTEAU, L’ARBRE SE DRESSANT,
COMME AU PASSÉ,
J’AI MARCHÉ, LES TEMPES BRÛLANTES,
CROYANT ÉTOUFFER SOUS MES PAS,
LES VOIX DU PASSÉ QUI NOUS HANTENT,
ET REVIENNENT SONNER LE GLAS,
ET JE ME SUIS COUCHÉE SOUS L’ARBRE,
ET C’ÉTAIT LES MÊMES ODEURS,
ET J’AI LAISSÉ COULER MES PLEURS,
MES PLEURSJ’AI MIS MON DOS NU À L’ÉCORCE,
L’ARBRE M’A REDONNÉ DES FORCES,
TOUT COMME AU TEMPS DE MON ENFANCE,
ET LONGTEMPS, J’AI FERMÉ LES YEUX,
JE CROIS QUE J’AI PRIÉ UN PEU,
JE RETROUVAIS MON INNOCENCE,
AVANT QUE LE SOIR NE SE POSE,
J’AI VOULU VOIR,
LA MAISON FLEURIE SOUS LES ROSES,
J’AI VOULU VOIR,
LE JARDIN OÙ NOS CRIS D’ENFANTS,
JAILLISSAIENT COMME SOURCES CLAIRES,
JEAN, CLAUDE ET RÉGINE ET PUIS JEAN,
TOUT REDEVENAIT COMME HIER,
LE PARFUM LOURD DES SAUGES ROUGES,
LES DAHLIAS FAUVES DANS L’ALLÉE,
LE PUITS, TOUT, J’AI RETROUVÉ,
HÉLASLA GUERRE NOUS AVAIT JETÉS LÀ,
D’AUTRES FURENT MOINS HEUREUX, JE CROIS,
AU TEMPS JOLI DE LEUR ENFANCE,
LA GUERRE NOUS AVAIT JETÉS LÀ,
NOUS VIVIONS COMME HORS-LA-LOI,
ET J’AIMAIS CELA, QUAND J’Y PENSE,
OH MES PRINTEMPS, OH MES SOLEILS,
OH MES FOLLES ANNÉES PERDUES,
OH MES QUINZE ANS, OH MES MERVEILLES,
QUE J’AI MAL D’ÊTRE REVENUE,
OH LES NOIX FRAICHES DE SEPTEMBRE,
ET L’ODEUR DES MÛRES ÉCRASÉES,
C’EST FOU, TOUT, J’AI TOUT RETROUVÉ,
HÉLASIL NE FAUT JAMAIS REVENIR,
AU TEMPS CACHÉ DES SOUVENIRS,
DU TEMPS BÉNI DE MON ENFANCE,
CAR PARMI TOUS LES SOUVENIRS,
CEUX DE L’ENFANCE SONT LES PIRES,
CEUX DE L’ENFANCE NOUS DÉCHIRENT,
VOUS, MA TRÈS CHÉRIE, Ô MA MÈRE,
OÙ ÊTES-VOUS DONC, AUJOURD’HUI,
VOUS DORMEZ AU CHAUD DE LA TERRE,
ET MOI, JE SUIS VENUE ICI, POUR Y RETROUVER VOTRE RIRE,
VOS COLÈRES ET VOTRE JEUNESSE,
JE SUIS SEULE AVEC MA DÉTRESSE,
HÉLASPOURQUOI SUIS-JE DONC REVENUE,
ET SEULE, AU DÉTOUR DE SES RUES,
J’AI FROID, J’AI PEUR, LE SOIR SE PENCHE,
POURQUOI SUIS-JE VENUE ICI, OÙ MON PASSÉ ME CRUCIFIE,
ELLE DORT À JAMAIS MON ENFANCE


GONE GONE GONE (DONE MOVED ON)

(Reprise des Everly Brothers / Version Robert Plant & Alison Krauss)SOME SUNNY DAY-HAY BABY
WHEN EVERYTHING SEEMS OKAY, BABY
YOU’LL WAKE UP AND FIND OUT YOU’RE ALONE
CAUSE ILL BE GONE
GONE, GONE, GONE REALLY GONE
GONE, GA-GONE, CAUSE YOU DONE ME WRONGEVERYONE THAT YOU MEET BABY
AS YOU WALK DOWN THE STREET BABY
WILL ASK YOU WHY YOU’RE WALKIN’ ALL ALONE
WHY YOU’RE ON YOUR OWN
JUST SAY IM GONE
GONE, GONE, GONE
GONE, GA-GONE, CAUSE YOU DONE ME WRONGIF YOU CHANGE YOUR WAY BABY
YOU MIGHT GET ME TO STAY BABY
YA BETTER HURRY UP IF YA DON’T WANNA BE ALONE
OR ILL BE GONE
GONE, GONE, GONE
REALLY GONE
GONE, GA-GONE
CAUSE YOU DONE ME WRONG

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