C’est une “grande dame de cœur” pour au moins trois raisons : d’une part parce qu’elle est foncièrement bonne et honnête ; elle a toujours parlé sincèrement, avec son cœur, à la fois à son public et son entourage. D’autre part, elle a toujours porté chance aux gens avec qui elle a travaillé (…). Enfin, Sylvie est d’une fidélité à toute épreuve, et ce malgré quelques trahisons (dont j’ai été témoin).
Hubert Le Forestier a été le secrétaire puis l’assistant manager de Sylvie Vartan entre 1976 et 1984.
Il a eu la gentillesse de nous accorder une interview le 22 août 2002.
Comment avez-vous rencontré Sylvie ?
Tout simplement par l’intermédiaire de Charley Marouani qui me l’a proposé.
Je travaillais avec lui pour Julien Clerc en tant que secrétaire particulier et Jacques Martin en tant que régisseur et il m’a demandé si j’étais libre pour travailler avec Sylvie pour la tournée de 1976 qui a suivi le Palais des Congrès… et ses fameux gendarmes !
Etiez-vous un admirateur de la chanteuse ?
Non pas particulièrement. Je connaissais moins ses chansons que celles de Johnny. C’est vraiment le hasard puisque Jean-Luc Azoulay venait de quitter Sylvie et elle cherchait donc quelqu’un pour le remplacer.
On vous voit pour la première fois en photo avec elle au Sporting Club de Montecarlo le jour de ses 32 ans.
(Il regarde la photo)
Oui je me souviens de ça. J’étais avec Gérard Salès. C’est un bon souvenir.
Dans les programmes de spectacle, vous étiez crédité secrétaire, puis assistant manager. En quoi consistaient ces fonctions ?
De secrétaire, Sylvie m’a demandé de l’assister un peu dans le management. J’ai travaillé en relation avec Charley Marouani et Dominique Segall pour la presse. Pour les spectacles, je ne travaillais pas seulement dans la régie, mais aussi dans les aspects financiers : les défraiements des danseurs, le coût des musiciens, et des costumes. Je défendais les intérêts et les choix de Sylvie par rapport aux producteurs.
On dit qu’elle s’implique beaucoup et à tous les niveaux.
Elle s’impliquait mais elle avait d’autres choses en tête et faisait totalement confiance à Charley Marouani et moi-même qui lui faisions des rapports en cas de problème. Quand elle voulait dépenser beaucoup, on se pliait à sa volonté, surtout pour les robes de Bob Mackie (rires). On lui reprochait aussi beaucoup le coût de ses collaborations avec des chorégraphes américains comme Walter Painter ou Claude Thompson. Elle répétait à Los Angeles et elle y recrutait donc ses danseurs… elle ne pouvait pas en changer une fois à Paris. Je pense aussi qu’elle avait du mal à trouver des chorégraphes français ayant sa conception de revue américaine avec une French Touch en plus.
Elle se prêtait souvent au jeu des dédicaces et des photos. Vous jouiez d’ailleurs le rôle d’intermédiaire entre Sylvie et ses fans… Cela faisait aussi partie de vos attributions ?
C’était une question de respect des fans qui suivaient la carrière de Sylvie. Les médias sont importants mais un manager doit aussi se préoccuper des fans, car ce sont aussi eux qui font la carrière d’un artiste. Quand Sylvie faisait une émission à RTL et Europe 1, c’était plus agréable d’être accueillie par son public. On retrouvait des fans fidèles à Atlantic City et Las Vegas… elle ne s’en plaignait pas du tout, il fallait juste veiller aux entrées et sorties de scène. On se cachait pour aller dîner tranquilles mais en Rolls on se faisait toujours repérer (rires). Et il ne faut pas oublier que beaucoup de ses fans se sont intégrés à son entourage : Josette Sureau, Jean-Luc Azoulay, Stéphane Caron…à qui elle a confié des responsabilités.
Est-ce bien vous qui courez après la moto de Sylvie dans la vidéo du Palais des Sports de 1981 ?
Oui je me rappelle de ça maintenant… C’était moi qui courais après la moto car j’avais peur qu’elle tombe. Je me souviens avoir aussi fait le danseur en smocking pour une émission de Jacques Martin où je tenais un cur avec John Almaraz. C’est encore moi qui faisais le photographe qui la mitraillait au Palais des Congrès en 1977. S’il n’y avait pas de problème au Palais des Congrès, en tournée le public était plus proche et je me faisais souvent huer (rires) !
Le public était parfois chahuteur…
Oui, il y avait des fans exubérants et le problème de rivalité entre les fans de Johnny et Sylvie. Ça a vraiment existé. Je me souviens de fans de Johnny qui suivaient aussi Sylvie.
Certains se jetaient sur elle…
Elle n’aimait pas beaucoup cela. Elle fournissait un gros effort physique qui lui faisait perdre de 2 à 3 kilos à chaque représentation. Elle en ressortait essoufflée.
Elle aimait voir le public de près mais quand ils montaient sur la scène ça pouvait gêner les rappels que dirigeait Charley Marouani de main de maître… Je me souviens qu’on m’en a beaucoup voulu d’avoir empêché un handicapé moteur de s’accrocher aux rideaux pour monter sur la scène… Beaucoup le faisaient pour lui remettre un bouquet et ça c’était très gentil…
Vous étiez présent au moment des spectacles les plus fastueux (au Palais des Congrès et au Palais des Sports). Comment s’organisaient-ils ?
On choisissait d’abord la salle, ce qui conditionnait le type de spectacle qu’elle voulait monter. Il fallait qu’une salle soit libre, suffisamment longtemps, au moment opportun par rapport à la sortie d’un album. Les tubes aidaient à ouvrir des portes… Charley Marouani prenait contact avec les producteurs : Georges Olivier au début puis Jean-Claude Camus et Gilbert Coullier (qui ont ensuite eu la carrière que vous connaissez) ou d’autres encore mais Sylvie leur a toujours été fidèle. Il fallait évaluer alors avec eux le nombre de semaines… Je me souviens de nombreux déjeuners avec différents directeurs de salle comme Donald Grunwald et Donatienne de la Grandrive, Hubert Grunwald et Monsieur Thominet, Jean Michel Boris et Patricia Coquatrix.
Ce n’était pas très facile car les salles étaient prises d’assaut. Citer ainsi les gens ne me rappelle que de bons souvenirs.
La frustration la plus forte fut tout de même de n’avoir pas pu rester à l’affiche deux semaines de plus au Palais des Sports, mais il y avait France Gall après, qui n’a pas voulu décaler son spectacle (silence)… Il faudrait une autre interview pour raconter toutes ces anecdotes autour des tournées et spectacles !
Vous souvenez vous de la façon dont s’opéraient certains choix ?
Sylvie n’écrivait pas les chansons qui étaient créées pour ces spectacles mais c’est souvent elle qui en était à l’origine : “Photo” ou “Je suis née dans une valise” pour le Palais des Congrès 77 par exemple. Sa particularité, ainsi que celle de Johnny, c’est qu’elle en avait l’idée sans pour autant cosigner la chanson.. Elle s’impliquait pourtant dans l’écriture puisqu’elle a beaucoup travaillé sur ” Aimer ” avec Jean-Loup Dabadie mais elle n’a pas voulu cosigner le texte. Elle a également beaucoup travaillé avec Michel Mallory car il n’habitait pas loin de Loconville. Elle avait des idées très précises des textes qu’elle voulait.
Elle passe pour quelqu’un qui a du caractère, accréditez-vous cette réputation ?
Oui elle sait ce qu’elle veut, à en être parfois très… têtue !
Elle est aussi perçue comme quelqu’un de froid alors qu’elle se montre très chaleureuse en privé…
Oh c’est de la timidité vis à vis du public. Catherine Deneuve est aussi comme ça, on la prend pour une femme froide. Mais le fait d’être regardée tout le temps pour une femme lui donne envie de se protéger. Un homme n’a pas ce problème, il ne se sent pas agressé.
Sylvie est beaucoup plus à l’aise dans le privé, naturelle et amusante. Mais sa timidité reprenait le dessus lors des interviews où elle perdait son naturel. Elle est pudique et ne voulait jamais se livrer complètement. Il y a vraiment une différence entre la femme privée et le personnage public.
Elle avait aussi cette apparence de femme fatale, froide et mystérieuse, qu’elle a peut-être cultivée mais nous n’en avons jamais parlé tant c’était une image différente d’elle. C’est vrai que la photo d’Helmut Newton y a contribué. Je me souviens très bien de la séance photo ; le studio d’Helmut Newton était au Luxembourg. Les affiches de ses Palais des Congrès 77 et Palais des Sports 81 sont parmi les plus belles. J’ai aussi beaucoup aimé les photos prises en Californie par Michaël Childers et la série où elle court sur un pont de New-York, celles de Jean-Pierre Lafont et Bernard Leloup pour SLC… Elle a eu d’excellents photographes grâce à Monique de l’agence Sygma ou Andrea du groupe Filipacchi.
Elle n’aimait vraiment pas être photographiée ?
Non c’était vraiment un effort. Elle était obligée de faire cette concession en raison de son métier. C’est en revanche une passionnée de photo, elle fait d’excellents clichés.
Revenons à la scène.
Vous avez suivi la plupart de ses tournées qui étaient de véritables marathons. Comment s’organisait une journée de Sylvie en tournée ?
Sylvie n’avait aucun mal à se lever. Elle ne buvait pas si bien qu’elle était toujours en forme. Elle avait une certaine discipline. Elle préparait ses valises le matin, elle déjeunait souvent le midi, puis elle se rendait directement à la ville où elle faisait la balance en arrivant, avant même de se rendre à l’hôtel.
Il lui arrivait même de partir directement après le concert vers 3 heures du matin pour gagner du temps en enchaînant les étapes ; elle passait ainsi deux nuits dans le même hôtel.
Elle privilégiait les relais châteaux. Il lui arrivait aussi d’habiter chez quelqu’un surtout pendant les tournées d’été comme chez l’ex-femme de Johnny Starck, Nicole Stark, à côté de Marseille ou chez son amie Michèle et ainsi de rayonner dans les villes avoisinantes.
Quels sont les membres de la troupe qui vous ont le plus marqué ?
Gary Chapman, Peter Newton, Johnny Almaraz, Vikki, Judith Cox et les choristes : Debbie Harris, Joniece Jamison… et Jeannett qu’on avait recrutée en Allemagne, Gérard Daguerre, les cuivres, les techniciens, le guitariste Patrick Lasnes, et Pierre Buffet qui sont décédés depuis….ainsi que de nombreux promoteurs locaux ou techniciens du Palais des Congrès et de l’Olympia.
Je pense aussi à Stéphane Caron, Nelly l’habilleuse, Josette et tant d’autres qui faisaient partie de “la bande” (tout cela par rapport à “la bande de Johnny” constituée de Sacha Rhoul, Roger Abriol, Alan et autres)… Que de bons souvenirs !
Vous en revoyez certains ?
Jacques Rouveyrollis qui faisait les éclairages est devenu le parrain de mon fils, Eric Alvergnat qui faisait le son est celui de ma fille. Je revois le musicien Christophe Dechamps (qui est devenu le batteur de Goldman) et Pascale Chambry (la danseuse qui a été recrutée au studio Sylvie Vartan). J’ai d’ailleurs été témoin à leur mariage, ce qui prouve que nous sommes tous restés attachés. Je dois dire que les liens qui se sont créés au sein de la troupe du Palais des Sports étaient exceptionnellement forts.
Avez-vous des anecdotes de tournée ?
A Damas (en Syrie) un général de l’armée syrienne nous avait invité à prendre un verre… On s’est retrouvés entourés de centaines de militaires venus des pays avoisinants, plus ou moins éméchés, qui assistaient au show d’une chanteuse arabe. Quelques instants plus tard, ils ont demandé à Sylvie d’improviser sans orchestre : ça lui a fait un drôle d’effet ! Ce jour-là, il a été très difficile de leur faire comprendre que c’était impossible.
Voici une photo d’elle fêtant votre anniversaire sur scène, un certain 22 février 1982 à Caen…
Oui. Je suis né pratiquement en même temps que Phil Philips (NDLR : danseur et assistant du chorégraphe Claude Thompson). On a d’ailleurs fêté nos anniversaires en même temps au Japon à deux reprises… On y était souvent en février. Ces tournées étaient formidables, particulièrement au Japon et en province, car nous restions le plus souvent ensembles : musiciens , techniciens, danseurs… à la différence des tournées d’été où tout le monde se retrouvait plus éparpillé.
Les membres de la troupe faisaient souvent des gags le soir des dernières (je lui montre une autre photo de lui coiffé d’une perruque et jouant de la guitare). Elle aimait ça ?
Oh oui elle aimait ça… tant que ça ne dénaturait pas le spectacle !
Vous avez participé à l’aventure américaine qui a commencé pour vous avec l’enregistrement de l’album “I don’t want the night to end”…
Oui je me souviens de tout ! C’est un excellent album. Dommage qu’à l’époque RCA ait choisi le titre le plus disco “I don’t want the night to end” pour suivre la mode. Or d’autres chansons plus lentes étaient superbes : “Distant Shores”, “The Rest of my Life”, “Don’t you worry”… Je me souviens bien du producteur qui était d’origine italienne ; il avait pris soin de lui trouver de très bonnes chansons. Je le réécouterai avec plaisir mais je n’ai plus le disque : j’ai dû me séparer de mes vinyles à l’occasion d’un de mes nombreux déménagements. C’est un de mes disques préférés avec les live de 75 à 81… Je les écoutais moins car j’avais vraiment le tour de chant bien en tête pour y assister chaque soir
Pouvez-vous nous parler du Gala auquel Sylvie a participé en 1980 pour le bicentenaire de Los Angeles et des spectacles à Las Vegas en 82?
Oui je me souviens de ce premier concert de 1980 ; c’était en matinée.
Dan Moss et Dick Grant (NDLR : chargé des relations publiques de Sylvie aux USA) sont sûrement à l’origine de ce Gala de charité. Mais je ne me souviens pas du tout des titres qu’elle y a chantés. Las Vegas, le Beverly Theater, Atlantic City, correspondent à la grande époque avec Tony Scotti qui reste un grand, grand souvenir ! Ses shows la stressaient beaucoup… Elle a aussi fait beaucoup de télés américaines à l’époque, nous rentrions vraiment dans une belle aventure : le Téléthon avec Jerry Lewis et autres stars, les “Johnny Carson show” etc., c’était super !
De même, vous vous êtes rendus plusieurs fois au Japon entre 1977 et 1984… Le public y est vraiment différent ?
Les japonais ont leur façon d’applaudir tous ensemble. Ils étaient très envahissants mais très respectueux en même temps. Dans la rue, ils la reconnaissaient systématiquement et il fallait vraiment se faire discrets.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur le duo avorté avec Barbara lors du tournage de Dancing Star ?
Je me demande si ce n’était pas pour un problème d’édition. Franchement, je n’en suis pas sûr mais je sais qu’elles s’admiraient beaucoup et s’appelaient souvent. On le sait peu car elles n’ont pas travaillé ensemble… Françoise Hardy et Sylvie étaient également très amies et s’appelaient souvent mais c’est plus logique car elles appartiennent à la même génération de chanteurs.
Vous avez dû faire des rencontres étonnantes !
Oui : David Bowie, Elton John ou Mick Jagger à Paris, Montant, Depardieu, Catherine Deneuve, Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Gérard Lanvin, Coluche et des metteurs en scènes comme Oliver Stone, Jean-Claude Brisseau, Claude Lelouch…
Elle rencontrait également beaucoup de vedettes à Los Angeles qui connaissaient son travail et l’abordaient dans les restaurants où l’on allait : Cher, Samy Davis Junior, Dean Martin, Lisa Minelli, Daryl Zanuck… Elle a revu Ringo Starr plusieurs fois depuis le fameux Olympia de 1964 puisqu’il travaillait avec l’homme qui vivait avec l’ex-femme d’Eddie Vartan. Puis elle voyait Michel Polnareff là-bas, Micky Jones le leader de Foreigner qui avait travaillé avec elle avant de partir aux Etats-Unis…
Elle a également travaillé avec Ray Parker Junior puisqu’il a été guitariste pour “I don’t want the night to end”. Dick Grant lui a permis de fréquenter certaines personnalités. Sa rencontre avec Tony Scotti lui a ensuite permis d’élargir son cercle d’amis.
Elle étudiait la comédie à Los Angeles. Elle faisait des essais et elle a failli travailler à la télé plusieurs fois, dans des séries américaines notamment. Mais elle ne voulait pas être une Guest Star française. Ça ne l’intéressait pas alors elle a refusé au moins deux propositions…
Vous était-il facile de concilier votre vie privée et ces nombreux déplacements ?
Oh j’avais 30 ans en 1981 et je n’avais pas encore de vie familiale. Je ne pensais qu’à mes activités professionnelles…
Sylvie s’est éloignée de la chanson dans la seconde moitié des années 80. Quel a alors été votre parcours ?
C’est vrai qu’après l’arrivée de Tony mon rôle ne se justifiait plus autant en France.
Je me souviens que nous avons été invités à la Coupe du Monde de Football au Mexique puis je suis resté à Los Angeles plusieurs années. J’ai travaillé pour Tony Scotti, à la production du film “He’s my girl” où jouait David, ainsi que “Lady Beware” et “Eye of the Tiger”…
J’ai ensuite souhaité prendre du recul et connaître d’autres façons de travailler.
De retour en France, j’ai rejoint l’équipe de Michel Sardou pour qui j’ai travaillé deux ans. J’ai ensuite travaillé quatre ans à TF1, avec Dominique Cantien, aux émissions “Surtout le matin”, “L’après-midi aussi ” et “Viva la vie”. J’ai ensuite travaillé avec Xavier Couture à Tilt Production puis je suis devenu attaché audiovisuel à l’Ambassade de France à Rio de Janeiro. J’ai travaillé 6 ans en pays andins où j’ai eu mes deux enfants qui parlent français, brésilien et espagnol (leur mère est brésilienne). Je viens de rentrer à Paris pour trois ans. Je ne sais pas si je saurais résister aux sirènes du show bizz (rires).
Est-il vrai que vous vous êtes lancé dans la production en 1983 ?
Les choristes faisaient un excellent Negro Spiritual après “Enough is enough” pour laisser à Sylvie le temps de se changer. J’ai été tenté de produire l’une d’elle : Debbie Davis… Mais ça n’a pas abouti.
Vous avez été le témoin de David lors de son mariage avec Estelle. Quels étaient vos rapports avec le clan Vartan ?
Oh c’est mon petit frère. On s’appelle de temps en temps. J’ai été de beaucoup de fêtes de Noël ou d’anniversaires. C’est avec la mère de Sylvie que j’ai adopté le rituel du whisky en apéritif le soir (rires). C’est une famille adorable. Eddie était plus secret…
Si vous deviez résumer Sylvie en quelques mots, quels qualificatifs choisiriez-vous ?
(Il réfléchit longuement) C’est une “grande dame de coeur” pour au moins trois raisons : d’une part parce qu’elle est foncièrement bonne et honnête ; elle a toujours parlé sincèrement, avec son coeur, à la fois à son public et son entourage.
D’autre part, elle a toujours porté chance aux gens avec qui elle a travaillé quels qu’ils soient : producteurs, musiciens, habilleuses, chauffeurs, régisseurs, techniciens, secrétaires comme moi ou Jean-luc Azoulay par exemple. Enfin, Sylvie est d’une fidélité à toute épreuve, et ce malgré quelques trahisons (dont j’ai été témoin) qu’elle a vécues. Mais ses amis de toujours sont encore présents aujourd’hui. Privilégier sa famille lui permettait de garder la tête froide.
C’est vrai qu’elle semble n’avoir jamais fait partie du monde de la nuit et ses excès…
Non, elle n’est jamais vraiment tombée là dedans. Pour la simple raison qu’elle était artistiquement plus proche des danseurs, de la mode… dont elle partageait la façon de vivre et l’hygiène de vie. La boisson n’a jamais été vraiment son truc, du moins à l’époque où je l’ai connue… Cela ne l’empêchait pas parfois d’en profiter et de se coucher tard mais pas en fréquentant les boites de nuit, c’est sûr !
Quel est votre meilleur souvenir ?
Le Palais des sports 81. Au moment de l’avant-première, j’ai dû assurer la régie de la totalité du spectacle où je suis devenu le seul maître à bord avec l’aide de Charley : les rideaux, les entrées des danseurs, les nombreux décors qui arrivaient sur scène (la toile d’araignée, une grille à baisser, la plate-forme d'”Enough is enough” et les fameuses lettres du tableau…). Et tout s’est très bien passé. Je me souviens m’être retrouvé dans le même type de situation au MGM à Las Vegas, toujours avec Charley, mon père dans le spectacle. Je suis resté très nostalgique de cette époque. On ne se passe pas comme ça du show bizz et de Sylvie, c’est une vraie drogue (rires) !