Sylvie garde le rythme (du cœur)

Oh les victoires de la musique, vous savez… Ce n’est pas le public qui décide d’une part et il faut faire partie du club. Or je ne fais partie d’aucun club….

Extraits de l’interview menée en mars 2005 par le Webmaster
pour le magazine trimestriel “Le temps de vivre”

Ceux qui vous suivent depuis un an se demandent quel est le secret de votre énergie…

Tout simplement l’enthousiasme et le plaisir de faire ce métier !

C’est ça le « rythme du cœur » que vous chantez ?

Oh la la ! A ce point, c’est de la tachycardie (rires).

On avait le sentiment ces dernières années que vous aviez besoin de prendre du recul….

Je savais pourtant que j’allais rechanter puisque j’avais prévu depuis longtemps cette échéance du Palais des Congrès pour 2004. Mais il faut un certain laps de temps pour se renouveler, trouver un bon matériel et avoir de nouveau l’envie tout simplement.

J’ai aussi travaillé à mon autobiographie « Entre l’ombre et la lumière », préparé mon exposition pendant ces années qui peuvent paraître sabbatiques. Et puis j’ai une vie familiale qui m’a aussi beaucoup occupée…

Vous éprouvez le besoin d’alterner ces périodes d’ombre et de lumière pour vous régénérer ?

Oui surtout que cette lumière-là peut me brûler (rires) ! Cela a toujours été nécessaire. J’ai toujours procédé comme cela. A un moment donné, lorsque l’on fait trop de choses, on a tendance à être gagné par le vertige.

Les téléspectateurs vont vous retrouver le 23 avril pour un show TV spécial sur France 2. J’imagine qu’il y aura plein de surprises…. Pouvez-vous lever un coin du voile ?

Ce sera un show de variétés comme il n’y en a plus ! Avec des déguisements, des moments de comédie… Il y aura des duos avec Francis Cabrel, Isabelle Boulay, Roch Voisine, Arielle Dombasle, Liane Foly, Bonnie Tyler… et plein d’autres invités ! J’aurais aimé un duo avec Valérie Lemercier car elle me fait beaucoup rire. Elle est in-cro-yable ! (rires)

Qui d’autre vous fait rire ?

J’aime beaucoup le tandem formé par Michèle Laroque et Pierre Palmade… Ils sont désopilants ! Muriel Robin aussi est formidable et très talentueuse. J’ai raté son spectacle hélas. Mais ils étaient déjà invités à mes précédents shows TV et comme je tiens à me renouveler…Il y aura mon fils David bien sûr mais je ne sais pas encore si ce sera pour un duo…

(…)

Le CD et DVD Live du spectacle au PDC sortent le 25 avril.

Oui le spectacle est très bien filmé (NDLR : par Gérard Puliccino, réalisateur de Taratata). Ce n’est pourtant pas un exercice évident.

C’était un spectacle très rock !

Oui c’était un parti pris. J’ai toujours eu envie de le faire mais il est très difficile de trouver le matériel.

Vous avez d’ailleurs emprunté des titres à Johnny « Noir c’est noir » et « Le bon temps du Rock N Roll »

Oui mais « Los bravos » ont également chanté « Noir c’est noir ». Et je l’ai faite à ma façon. Le tempo n’est pas le même, ni l’interprétation. J’ai aussi chanté du Chuck Berry….

Votre public passait la moitié du spectacle debout ! C’est nouveau ça…

Oui (rires). Ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. C’était un phénomène inattendu. D’habitude, le public se lève pour les dernières chansons mais à ce concert, il était debout dès la première partie ! Un tel public vous porte, vous électrise. Quand le public participe avec autant de force et d’enthousiasme, cela vous stimule comme un coup de fouet !

Le DVD contient en bonus le clip « ce n’est pas rien », où vous êtes complètement métamorphosée ! Tantôt brune, tantôt rousse… ça vous a rappelé les shows des Carpentier où vous aimiez tant vous déguiser ?

Un peu (rires).

Autre bonus : un reportage qui retrace les principaux événements de votre actualité 2004. Quels sont ceux qui vous ont apporté le plus de bonheur ?

Mais tout m’a marquée. Tout m’a surprise aussi. Par exemple, lorsque j’ai commencé à réfléchir à mon spectacle au Palais des Congrès justement, j’étais un peu angoissée. J’avais en quelque sorte le syndrome de la page blanche : plusieurs directions s’offraient à moi et j’étais un peu perdue. Puis quand les choses se sont précisées et que j’ai pu concrétiser mes idées, c’est devenu une expérience très excitante. Je ne m’attendais pas à un tel accueil de la part du public. Sa réaction a dépassé mes attentes. J’ai vraiment eu du plaisir à le chanter. C’était un grand bonheur.

Je ne m’attendais pas davantage au succès de mon livre. L’écriture est une expérience moins familière pour moi que la chanson. Mon éditeur a longtemps insisté pour que j’écrive ce livre. J’avais le sentiment que l’on me connaissait déjà bien. Je ne pensais pas que mon histoire intéresserait les gens car ma vie a déjà été largement médiatisée depuis mes débuts. Aussi j’ai été doublement surprise par le succès du livre.

C’est aussi un témoignage laissé à vos enfants

Un livre est plus linéaire et cohérent qu’une conversation où l’on peut être interrompu ou distrait. Ecrire laisse une trace qui na pas la même portée que ce que l’on peut raconter oralement. C’était très apaisant de me pencher sur mon passé, de réfléchir aux événements, et de rendre hommage à mes parents qui étaient des gens exceptionnels. Il faut du temps pour bien juger ses parents. Il est très important pour qu’un enfant se construise, qu’il connaisse bien l’histoire de sa famille, qu’il sache d’où il vient. Lorsqu’il est jeune, cela ne l’intéresse pas encore, puis lorsqu’il s’interroge sur lui-même une fois adulte, il ne dispose plus d’aucun témoignage.

Côté jardin, l’arrivée de votre premier petit fils Cameron a dû vous combler. Allez-vous lui dédier une chanson ?

Oh non je ne pense pas (rires). Ils commencent à être tellement nombreux qu’il va bientôt me falloir leur consacrer un spectacle entier (rires). « Petit bateau » (NDLR : chanson de J.-L. Dabadie et Eddie Vartan) est universelle et convient déjà très bien.

France 3 prépare pour la rentrée un portrait de 2 h comme ceux consacrés à Julien Clerc ou Françoise Hardy…

Oui ce portrait s’appuiera sur la chronologie de mon livre qui va être mis en images en quelque sorte. Je m’y suis beaucoup impliquée puisqu’il y aura des documents inédits issus de mes propres films de famille…

Un dictionnaire de vos 900 chansons vient de sortir ! Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est incroyable ! Il a fait un travail de fourmi. Je suis impressionnée par le temps qu’il y a passé et la quantité d’informations qu’il a si méticuleusement rassemblées. Ce sera un ouvrage précieux qui me sera bien utile car, ne vivant pas avec mes chansons, je dois bien dire que j’en ai oublié quelques unes ! Les témoignages des auteurs-compositeurs seront sûrement très émouvants… Il dit apprécier particulièrement les textes de Gilles Thibaut (NDLR : l’auteur aujourd’hui disparu de « Par amour par pitié » et « L’amour c’est comme les bateaux » notamment) et il a bien raison. C’était un de mes plus grands paroliers.

L’exposition de vos tenues au Musée de la mode de Paris s’est achevée le 27 février dernier. Elle montrait à ceux qui ne le savaient pas déjà, l’impact que vous aviez dans les années 60… En étiez-vous consciente ?

Il faut forcément du recul pour mesurer un quelconque impact ou pour se rendre compte de la portée des choses. Cette exposition ne s’attachait pas qu’aux années 60 mais à quarante ans d’histoire du costume, de la mode. C’était aussi une façon de saluer le talent de tous ces créateurs….

Dans le catalogue de votre exposition, on lit que vous étiez aux années 60 ce que Bardot était aux années 50… Que vous inspire cette comparaison?

On est très différentes. Mais je suppose que l’on nous cite comme des références afin de donner des repères…

Vous n’êtes pas consciente que vous êtes emblématique d’une époque ?

J’ai surtout conscience du fait que j’y ai survécu (rires) ! Effectivement, certaines tenues ont marqué… mais sur le moment, je ne pouvais avoir conscience d’un quelconque impact.

Et lorsque vous chantiez à Las Vegas en 1982, la presse américaine vous comparait à Cher, Lisa Minelli…

Moi je ne trouve pas du tout. On peut nous comparer dans les grandes lignes mais on est quand même toutes très différentes. Je suppose que notre point commun vient du type de spectacle que nous faisons. Nous ne sommes pas si nombreuses à en faire d’aussi grands… Madonna, Britney Spears… Ces spectacles sont rares car ils sont très coûteux et demandent beaucoup d’énergie.

Y-a-t-il des femmes que vous admirez ?

Je suis toujours admirative du travail bien fait, quel qu’il soit, celui d’un artiste ou d’un médecin.

Vous déclariez dans une interview de 1985 avoir rencontré plus de femmes exceptionnelles que d’hommes exceptionnels A qui pensiez vous ?

A cette époque, je ne pensais pas forcément à des femmes connues mais plutôt à celles de mon environnement professionnel. Mais il y a aussi beaucoup d’hommes exceptionnels (rires).

Vous dites souvent que vous faites un métier d’homme car les chanteurs durent plus longtemps que les chanteuses. Ce sexisme ne vous indigne pas ?

Pourquoi ? C’est une réalité, une évidence même ! Et peut-être que les femmes ne sont pas motivées par les mêmes choses…

En quoi faites-vous un métier d’homme d’ailleurs ?

Il faut de la résistance, de la force et de la détermination… avoir une certaine combativité en somme. C’est vrai que lorsqu’un projet me passe par le cœur, je tiens à le voir aboutir.

Malgré votre emploi du temps chargé, votre association est demeurée active en 2004.

Oui nous avons accompli des choses importantes. Nous nous sommes rendus en Bulgarie pour fêter Noël avec des orphelins. Le père Noël est venu. J’ai chanté en bulgare avec les enfants. La société Mattel a offert 1200 jouets… Nous avons donné des appareils médicaux de différentes sortes : des échographes, des berceaux bleus…

Vous avez été nommée ambassadeur de cœur à l’OMS en mars dernier. C’est une reconnaissance de votre travail ?

Je le prends comme cela oui. Et le fait de collaborer avec l’OMS va permettre à mon association d’étendre son champ d’action. Le président bulgare vous a remis l’équivalent de la légion d’honneur.

Vous êtes sensible aux honneurs ?

Non mais c’était très émouvant car la boucle est bouclée, pour ainsi dire. Nous avons fui le régime totalitaire de ce pays et le fait de donner aujourd’hui aux plus défavorisés est très gratifiant.

Plus qu’une victoire de la musique, je suppose ? Vous figurez parmi les grands oubliés de 2004, alors que vous avez été la première chanteuse à obtenir ce qui en tenait lieu en 1970 (NDLR : triomphe des variétés)…

(ton très détaché) Oh les victoires de la musique, vous savez… Ce n’est pas le public qui décide d’une part et il faut faire partie du club. Or je ne fais partie d’aucun club….

Allez-vous rechanter à Sofia ?

J’aimerais bien mais je souhaiterais le faire pour mon association et il me faut des sponsors car le spectacle est très onéreux et compliqué à déplacer. L’émotion ne sera pas aussi forte que mon premier concert là-bas, mais il y en aura encore beaucoup, inévitablement.

Et après ?

Oui j’ai d’autres projets complètement différents. J’ai abandonné l’idée d’un concert intimiste au Châtelet car c’est une salle décidément trop petite (rires). Je songe toujours à enregistrer une version italienne de mon album. Mais il faudrait en faire la promotion avant d’envisager une tournée en Italie et le temps me manque. Mais en 2006, je compte m’accorder une pause. C’est impératif, ne serait-ce que pour recharger les batteries !

Les commentaires sont clos.