Nouvelle rencontre avec Benoît Cachin qui sort « Sylvie Vartan – Ma vie de scène en scène (De l’Olympia 1961 au Palais des Congrès 2025) », son 4ème ouvrage consacré à Sylvie, dont la sortie est annoncée le 7 novembre prochain aux éditions Gründ. Benoît a déjà publié un dictionnaire des chansons de Sylvie Vartan (Ed Tournon, 2005), La plus belle pour aller chanter (Ed Gründ, 2017) et un livre consacré à Sylvie & Johnny toujours chez Gründ, en 2020.
En relisant notre interview de 2017, je constate que je vous ai peu interrogé sur vous… Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
Je suis né à Chartres, le 11 août 1968. J’ai fait des études de lettres modernes à Tours puis un Master de littérature comparée à la Sorbonne Paris-1. Je me destinais à une carrière d’attaché de presse mais le hasard a voulu que je sois recruté dans une agence de presse pour y devenir journaliste. Après plusieurs entreprises, je me suis mis en free-lance en 2004. C’est à ce moment-là qu’un éditeur m’a appelé pour écrire mon premier livre.
Sauf erreur, Sylvie est la première artiste à laquelle vous avez consacré un livre…
Absolument, ce fameux éditeur qui m’a appelé en 2004 voulait que j’écrive un livre sur elle. De l’ombre à la lumière venait de cartonner et il voulait « surfer » sur le succès Vartan d’autant qu’elle avait une actualité chargée avec le Palais des Congrès en septembre/octobre 2004 puis son show télé en avril 2005. Il voulait qu’un livre sorte entre ces deux événements. Je lui ai proposé d’écrire un dictionnaire sur les chansons de Sylvie. Le concept lui a plu, ainsi qu’à Sylvie à qui j’ai présenté le projet dans les loges du Palais des Congrès, et le livre est sorti en mars 2005. A partir de là, nous avons noué une relation professionnelle puis amicale et depuis j’ai écrit une bonne quinzaine de livres !
Comment définiriez-vous votre relation de près de… 20 ans ?
Amicale donc. On ne se voit pas toutes les semaines et on passe des mois sans s’appeler mais on se retrouve toujours avec plaisir. Sylvie est quelqu’un qui peine à donner sa confiance, mais une fois que c’est fait, elle est très fidèle. Ce n’est pas le cas de tous les artistes…
Vous avez écrit sur d’autres artistes, en tête desquels Mylène Farmer…. En quoi Sylvie et elle sont-elles semblables ?
Il y a une vraie filiation dans la manière d’aborder la scène. N’oublions pas que le premier manager de Mylène était Bertrand Le Page, un archi fan de Sylvie ! Il criait partout qu’il allait faire de Mylène la Sylvie des années 80/90. Ce qu’il a réussi je crois. Après leurs univers restent très différents, Sylvie est plus solaire et Mylène plus mystérieuse.
On parle souvent de « l’univers de Mylène Farmer »… Sylvie Vartan en a-t-elle un ?
L’univers de Sylvie est certainement plus varié que celui de Mylène qui navigue entre deux trois thèmes de prédilection. Je ne sais pas si Sylvie a vraiment un seul univers car elle passe du rock à la variété, à la comédie musicale au country… En revanche, elle a une vraie personnalité qui prend toute sa dimension sur scène !
On pourrait lui reprocher un certain éclectisme…
Oui en effet, surtout sur certains albums studio où, parfois, le meilleur côtoie le pire ou le moins bon pour ne pas être trop méchant ! Mais sur scène c’est ça que les gens apprécient je crois, voir un vrai spectacle avec différents styles, différentes ambiances.
Quel est le dénominateur commun de ses spectacles ?
L’éclectisme justement, on ne s’ennuie jamais. Sylvie sait bien mixer ses différents styles, ses spectacles sont conçus pour que le spectateur ne regarde pas sa montre. Elle passe des succès aux chansons plus confidentielles, du moment d’intimité sur scène aux grands tableaux avec danseurs, du moins jusqu’en 2004…
Comment décririez-vous son public ?
Il est multiple comme pour tous les chanteurs qui remplissent de grandes salles. Il y a les fidèles depuis les années 60, leurs enfants, leurs petits-enfants… Et puis il y a les admirateurs qui l’ont découverte seul comme moi via les Carpentier et la radio. Ce n’était pas le style de musique que mes parents écoutaient…
Il sort en moyenne un livre par an sur Sylvie Vartan. Qu’est-ce que votre livre apporte de différent ?
Un tour complet de ses scènes depuis 1961 jusqu’à aujourd’hui avec les commentaires de Sylvie. Eric & Christian Cazalot avaient écrit Dans la lumière mais, logiquement, le mien est plus à jour et se limite aux seules scènes, sans digression. Et puis surtout, il y a les affiches originales qui ont été photographiées chez Mychèle Gaumet, LA collectionneuse de tout ce qui touche à Sylvie en version papier. Mychèle a été adorable et m’a ouvert sa collection avec une très grande générosité.
Comment Sylvie s’est-elle impliquée dans la conception de ce livre ?
En fait, c’est elle qui en a eu l’idée. Je dînais chez elle et dans la conversation elle me disait qu’elle aimerait un livre avec les affiches de ses spectacles depuis ses débuts. Je trouvais l’idée sympa et de fil en aiguille, nous avons étoffé le projet avec des photos des spectacles en plus des affiches et surtout les commentaires de Sylvie sur tous ses concerts.
Comment s’est passée votre collaboration ?
Très simplement comme toujours avec Sylvie. Dans un premier temps, nous avons fait des heures d’interviews à Paris puis à Los Angeles par téléphone. Ensuite, j’ai écrit le texte et nous avons choisi les photos ensemble. Là elle est radicale sur ses photos. Je suis obligé de batailler pour ne pas mettre que des photos iconiques qu’elle adore. Je sais que ses admirateurs attendent aussi des photos rares… Mais finalement, elle finit par le comprendre et nous trouvons toujours un compromis…
Sylvie est plus attachée à ses spectacles qu’à ses enregistrements. J’imagine qu’elle devait être intarissable !
Oui c’est assez étonnant de constater qu’elle se souvient très bien de ses spectacles alors qu’elle peut avoir oublié une chanson, voire un disque. Mais pour ses concerts sa mémoire est infaillible : des couturiers aux chorégraphes en passant par ses musiciens et ses danseurs. C’est très agréable de la faire parler de ses concerts car elle s’enflamme tout de suite, on sent que sa vie était sur scène.
Quels sont les spectacles qu’elle préfère ?
Son retour en Bulgarie en 1990, le Palais des Congrès 75 qui marque un tournant dans sa carrière et Las Vegas, le rêve de sa vie.
Quels sont les plus marquants, selon vous ?
C’est très subjectif. J’adore le Palais des Sports 81 car c’est la première fois que je la voyais sur scène à Paris. Je l’avais vu en 1980, mais sous chapiteau à Chartres. Ce n’était pas pareil ! Après j’ai adoré le Palais des Sports en 91 avec le côté revival des années 60, c’était très réussi. Son Olympia 96 parce que j’adore l’album Toutes les femmes ont un secret. J’ai adoré son spectacle au Châtelet en 2010 aussi. Je m’arrête là car je m’aperçois que je les aime un peu tous en fait !
On a coutume de présenter l’Olympia 70 comme son premier « show ». Or, Sylvie dansait déjà lors de son Olympia 68…
Exactement ! Même si elle a un regard un peu dur sur ce spectacle à cause du final avec le chapeau clac et la canne. Mais c’est vraiment le début d’une nouvelle ère dans sa carrière. Elle commence à dire au revoir aux années 60 pour rentrer de plain-pied dans les années 70 avec ses deux Olympia suivants très rock.
J’imagine aussi que l’ouvrage souligne le caractère novateur du Palais des Congrès 1975 ?
Évidemment, Sylvie revient sur ce défi car tout le monde lui prédisait un échec dont Bruno Coquatrix. Et quel réussite au final, ça donne vraiment le coup d’envoi de ses shows hollywoodiens de 77, 81, 83…
Avez-vous écouté le podcast Vartanrama qui lui est consacré ?
Non pas encore, mais c’est sur ma liste d’activités pendant mes prochaines vacances !
Pourquoi le Palais des Sports 1981 est-il aussi mémorable ?
Parce qu’il était pharaonique avec de superbes idées de mise en scène. Le clin d’œil aux années 60 était super réussi, sans parler de No More Tears ou Tape-Tape. Je me souviens que les gens venaient la voir comme on allait au Moulin Rouge. C’était LE spectacle incontournable à Paris !
Impossible aussi de ne pas citer Sofia ou le Parc des Princes avec Johnny….
Oui et quand elle en parle je sens toute l’émotion qui remonte. D’ailleurs elle dit que ce qu’elle a ressenti à Sofia, elle ne l’a jamais ressenti avant ou après. C’est LE concert de sa vie, ce qui se comprend aisément. Et puis pour Johnny c’est pareil. Elle m’en parle avec énormément de tendresse même si elle se souvient surtout de la belle frayeur qu’elle s’est faite en voulant chanter a cappella Tes Tendres années !
Vous êtes né comme moi, à la fin des années 60. Quel spectacle ou tournée regrettez-vous de ne pas avoir vu ?
Clairement le Palais des Congrès 77 ! J’en ai tellement entendu parler dans mon enfance par ma cousine qui l’avait vu que j’ai toujours regretté de ne pas l’avoir vu moi aussi. En plus, j’ai fait dix ans de claquettes, donc avec Tout l’bazar j’aurais été aux anges ! Heureusement qu’il y a le disque et la vidéo avec de larges extraits.
Pouvez-vous lever un coin du rideau sur le prochain spectacle ?
Sylvie et Tony ont voulu quelque chose d’exceptionnel. Sylvie m’a montré les vidéos qui ouvrent les six parties, elles sont très réussies. Christophe Daniel a fait un superbe travail d’archiviste. Les costumes sont magnifiques également. Stéphane Rolland a accepté de publier quatre de ses dessins dans le livre. Et le spectacle va bien être filmé au Palais des Congrès, ça c’est une bonne nouvelle !
Cela faisait 20 ans qu’on n’avait pas eu droit à un véritable show…
Oui, 20 ans pile c’est vrai. C’est bien de faire ses adieux avec un show de cette envergure. Elle quitte la scène avec panache et pas sur la pointe des pieds. C’est intelligent je trouve.
Que vous inspirent ses adieux ? Est-ce que vous y croyez ?
Oui. Je pense qu’elle veut prendre sa retraite et qu’elle ne veut pas apparaître pathétique sur scène. J’ai vu Régine sur scène en 2016, elle avait presque 90 ans et franchement c’était triste. Elle ne pouvait ni chanter ni bouger, elle avait l’air hagard… Je ne pense pas que Sylvie ait envie de laisser cette image !
Quels sont vos projets à venir ?
Prendre des vacances en 2025 et écouter le podcast Vartanrama !
Propos recueillis à Paris le 2 novembre 2024
La plus belle pour aller chanter (2017)
Rencontre avec Benoît Cachin qui vient d’achever la rédaction d’un nouvel ouvrage intitulé La plus belle pour aller chanter, consacré aux 64 albums de Sylvie, dont la sortie est annoncée le 30 août prochain aux éditions Gründ.
Les fans de Sylvie vous connaissent depuis votre Dictionnaire des chansons de Sylvie Vartan qui a déjà 12 ans ! Qu’avez-vous publié depuis ?
Ce dictionnaire m’a porté chance puisque j’ai écrit depuis une douzaine de livres consacrés à Mylène Farmer, Michel Polnareff, Etienne Daho, Michel Serrault. J’ai aussi beaucoup travaillé pour des maisons de disques sur des projets très différents (communiqués de presse, livrets, éditions collector, intégrale) pour Grégoire, Patrick Fiori, Polnareff, Daho… et Sylvie bien sûr notamment sur Soleil Bleu et Sylvie in Nashville. Sinon, je reste journaliste pour la presse écrite où j’écris des articles sur les documentaires et les magazines télé dans le TV Guide Télé Câble Sat Hebdo. Je prépare également une discographie sur un grand artiste international pour 2018…
Comment vous est venue l’idée de ce nouvel ouvrage sur les albums de Sylvie ?
En fait, ce fut une demande des admirateurs de Sylvie, tout simplement. Lors des salons du livre que je fréquente toute l’année, je rencontre de nombreux fans qui me parlent du Dictionnaire. Ils m’ont tous demandé si j’allais l’actualiser un jour. C’est fait aujourd’hui dans une moindre mesure…
Sauf qu’il ne s’agit plus de dictionnaire avec des entrées alphabétiques mais d’une discographie chronologique…
Oui. En fait, je ne ferai plus de dictionnaire. La raison en est fort simple : en mélangeant toutes les chansons de toutes les époques, on ne peut pas s’apercevoir de l’évolution d’une carrière et de la cohérence des albums. C’est la limite de cet exercice même si je sais que c’est pratique pour se documenter. Je voulais vraiment que l’on comprenne l’évolution dans le temps de Sylvie, de ses choix de chansons comme de ses looks et la façon dont elle a eu d’aborder la scène. Avec cette approche chronologique, la cohérence de sa discographie apparaît de manière saisissante !
En revanche, cet ouvrage ne reprend pas toutes les chansons comme c’était le cas pour le Dictionnaire…
En effet, et je suis le premier à le regretter, même si elles toutes évoquées au minimum. Le problème c’est que Sylvie a enregistré 64 albums et que je ne voulais en omettre aucun. Je leur ai consacré quatre pages chacun. Une première page de gauche avec la pochette reproduite dans sa première édition, une introduction à droite qui replace l’album dans son contexte et une seconde double page avec une photo de l’époque de l’album, la liste complète des chansons et un coup de projecteur sur certains titres, de trois à cinq suivant le disque. Avec ce système de présentation, on arrive déjà à 256 pages ! Si on compte les introductions de Sylvie et de Carla Bruni, mon introduction et surtout les interviews de Sylvie qui jalonnent le livre, on arrive à presque 300 pages. C’était la limite fixée par mon éditeur. Pour la seconde édition, je vais essayer de le persuader de faire un livre de 600 pages !
Comment avez-vous travaillé ?
En fait, j’ai commencé ce livre en 2014 pour une sortie en avril 2015 à l’occasion de l’Olympia de Sylvie. Mais nous n’étions pas prêts. Nous avons décidé de le sortir en 2016 car Sylvie devait refaire l’Olympia à ce moment-là. Comme vous le savez, l’Olympia a été repoussé à 2017 pour cause de pièce de théâtre. Le meilleur choix était de le sortir en 2017 pour l’Olympia de septembre d’autant qu’en 2016 est sorti l’excellent Le Style Vartan des frères Cazalot et le livre Maman de Sylvie. Ca faisait beaucoup de livres ! Avec Sylvie nous sommes tombés d’accord sur la rentrée 2017.
Pour ce qui est du travail en lui-même, j’ai tout réécouté avant de commencer à rédiger puis j’ai demandé à un ami fan de tout relire pour avoir un regard extérieur. Et j’ai eu raison car comme il me l’a fait remarquer, j’avais tendance à retracer les spectacles ou à raconter le scénario des shows télé alors qu’il s’agit de se concentrer sur le disque.
Autre aide essentielle, celle d’Alain Chêne que les internautes connaissent bien. Il m’a fourni tous les scans des premières éditions de chaque disque qu’il a la chance de toutes posséder ! Il m’a également fourni une tonne d’informations sur les différentes éditions, les dates de sorties dans différents pays, les particularités de certaines pochettes. Toutes ces infos se retrouvent dans le livre. Une mine d’or pour les collectionneurs !
Comment avez-vous choisi les quelques « chansons phares » commentées dans votre livre ?
La mort dans l’âme ! Pour trancher, je suis parti des singles issus des albums. Et quand ce n’est pas le cas, pour les live en particulier, j’ai mis en avant les chansons les plus intéressantes de son répertoire, en raison d’un auteur ou un compositeur en particulier. Et puis, je l’avoue, je me suis fait plaisir en mettant parfois mes chansons préférées en vedette ! (rires)
Sylvie a-t-elle été associée au projet ?
Absolument ! Elle a été vraiment extraordinaire et s’est investie à 100% sur ce projet. Au début ce n’était pas évident, car il m’a fallu la convaincre que sa discographie était remarquable et exceptionnelle à plus d’un titre, or elle peut être très dure avec elle-même. Elle le raconte d’ailleurs dans son introduction. Une fois convaincue, elle m’a accordé des heures d’interview. Nous avons repris ensemble la totalité de sa discographie qu’elle a commentée. C’est une première et plus nous avancions dans les interviews plus les souvenirs lui revenaient nets et précis. Du coup, chaque décennie se termine par une grande interview de Sylvie. Vous allez avoir des surprises car elle évoque des choses dont elle ne parle que rarement comme Jean Renard, Jacques Revaux, Alice aux pays des merveilles, sa peur de ne pas pouvoir entamer son tour de chant en Bulgarie, son album disco avorté dans les années 70, son amitié avec Barbra Streisand, Michel Colombier, ses rapports professionnels avec Eddie son frère… Bref, des tonnes d’infos qui tournent toutes autour de sa discographie. Je suis vraiment content du résultat. Elle conclut également le livre avec une grande interview où elle revient de façon globale sur sa carrière.
Sylvie a choisi également toutes les photos du livre avec moi : 64 qui illustrent les albums plus 6 autres qui ouvrent et ferment le livre. Là ce fut bataille au sommet ! Sylvie sait ce qu’elle veut et il est parfois difficile de la faire changer d’avis ! (rires) Elle a tendance à privilégier des photos qu’elle aime beaucoup donc très connues, souvent publiées. Il a fallu que je me montre très persuasif pour lui faire comprendre que ses admirateurs attendent du neuf ! Elle a accepté et du coup, le livre présente des photos inédites ou rarement vues ou revues et d’autres emblématiques. Et je peux vous dire que des photos inédites, Sylvie en a des tonnes tout au fond de ses armoires ! Le paradis du collectionneur ! (rires). Laurent Coly et Christophe Aldin (du site www.sylvissima.com) ont également retrouvé pour moi des photos très rares. Ils ont été vraiment très réactifs !
Sylvie a également choisi la photo de couverture ?
Oui c’était très important pour elle car c’est l’âme du livre. Pour l’anecdote notre choix s’était d‘abord porté sur une photo d’Helmut Newton (une variante de celle de Petit Rainbow). La Fondation Newton à New York a refusé et ceci malgré l’intervention de Sylvie auprès de la veuve de Newton. Incompréhensible ! Autant vous dire que Sylvie n’était pas contente du tout ! (rires) Après nous sommes partis sur une photo de 1964 où Sylvie pose dans un fauteuil à l’Olympia. Sylvie trouvait que ça datait le livre, comme s’il portait uniquement sur les années 60. C’est elle qui m’a finalement proposé cette photo de Philippe Quaisse que j’ai eu l’idée de recadrer au maximum en me souvenant de la couverture de Vogue d’avril 1973 que j’adore. Le résultat a convaincu tout le monde. Le regard de Sylvie est intense, déterminé, très présent. Cette photo la représente bien je trouve.
En effet ! Revenons à la discographie, vous avez pris le parti d’y inclure des albums japonais auxquels nous n’aurions pas nécessairement pensé, mais pas le disque allemand. Pourquoi ce choix ?
Les deux albums studio japonais que vous évoquez (le « ciré jaune » de 1965 et Koibito Jidaï de 1971) sont des albums qui ne sont pas sortis en France et ils ne contiennent que des chansons inédites sur album. En fait, toutes les chansons étaient connues en France (hormis celles en japonais) mais n’étaient sorties qu’en EP en France. Si je n’avais pas mis ces deux albums, des chansons comme L’Homme en noir, Je voudrais être un garçon, Loup ou La Chasse à l’homme seraient passées à la trappe ! Impossible ! La Reine de Saba a sa place également car ne contenant que de l’inédit. Mais le disque allemand est plus une compilation agrémentée de titres en allemand (sortis en France en plus). Je l’ai donc écarté dans un souci de cohérence. En revanche, on retrouve bien les deux live japonais de 1971 et 1973, l’album américain de 1965, l’espagnol de 1967, et les deux albums italiens de 1969 et 1975.
A la lecture de cette discographie, on est frappé par la qualité des collaborations de Sylvie…
C’est même incroyable ! Sylvie a travaillé avec les plus grands et ce, quelle que soit l’époque. Elle enchaîne les collaborations à un rythme impressionnant. On constate également que c’est une véritable découvreuse de talent. Je pense à Jean Renard bien sûr mais aussi Jean-Claude Vannier, le « papa » de L’histoire de Melody Nelson pour Gainsbourg, qui commence avec Sylvie et l’album La Maritza ou plus récemment Eric Chemouny. On mesure également son évolution professionnelle. Elle passe d’un style à l’autre avec une aisance incroyable. Mais tout était pensé, réfléchi notamment par le pilier de sa carrière, Eddie. On s’aperçoit également que Sylvie fonctionne beaucoup au coup de cœur, elle fait confiance à son instinct. Et elle a eu raison notamment pour ses shows !
Cet ouvrage comporte une dimension presque biographique…
Forcément car beaucoup de ses albums résonnent avec sa vie privée. Impossible de passer sous silence la naissance de ses enfants et petits-enfants par exemple, car ils ont tous (sauf Cameron) une chanson.
Johnny, Tony sont également évoqués largement quand il y a un intérêt pour la discographie.
J’évoque également les moments plus noirs de sa vie comme ses accidents de voiture, le décès de ses parents. Sylvie les évoque également dans le livre car ils ont eu une incidence certaine dans sa carrière.
Vous êtes parfois dur avec certains albums, notamment ceux des années 80…
Je comprends parfaitement que des gens soient attachés à De choses et d’autres ou à Virage. Mais je ne peux pas mettre tous ses albums au même niveau. Ce livre n’est pas une hagiographie affirmant à toutes les pages combien Sylvie est géniale et que ses 1500 chansons parfaites. Si je veux mettre en avant Le Dimanche de Dabadie, je ne peux pas placer Ta vie de chien sur le même plan ! Comme tous les artistes, certains de ses albums sont moins aboutis que d’autres. C’est normal et Sylvie la première en a conscience. Et vu la quantité de disques sortis entre 75 et 85, il y en a eu certains moins travaillés aussi bien au niveau des textes qu’au niveau de la production qui peut apparaitre datée immédiatement à sa sortie. Le milieu des années 80 a été compliqué pour Sylvie, elle voulait vraiment faire un break et s’occuper de sa vie de femme et de mère. Elle s’en explique dans le livre, notamment le fait que RCA l’avait complètement abandonnée à cette époque. Mais à la différence d’autres artistes elle a su très vite redresser la barre. Dès 1989 et l’album Confidanses, elle revient au mieux de sa forme avec C’est fatal notamment. Je tempère néanmoins mes propos dans le livre car, quelque soit l’album, il y a toujours un ou deux titres d’intéressants. Aucun album n’est mauvais à 100% !
Si vous ne deviez retenir qu’un album par décennie, ce serait lequel ?
Vaste question. Je me lance tout de même ! (rires) Pour les années 60 : Il y a deux filles en moi. J’aime tout dans cet album, de la pochette au track-listing : Quand tu es là, Il y a deux filles en moi, Si tu n’existais pas, Cette lettre-là… La production d’Eddie est géniale également.
Pour les années 70, je retiens I Don’t Want The Night To End. Pour l’anecdote, quand l’album est sorti, je n’appréciais pas la Sylvie anglophone. Aujourd’hui, c’est un de mes albums préférés. La production est parfaite avec toutes les pointures américaines qui ont joué dessus. Les titres sont excellents. Je regrette que Sylvie ne chante jamais Easy Love, Pure Love, Distant Shores ou Don’t You Worry sur scène. Mais je tiens bon, je vais réussir à lui faire chanter un jour. Je suis aussi têtu qu’elle ! (rires).
Pour les années 80, aie aie, aie… J’avoue ne pas être fan de cette décennie comme vous l’avez remarqué. Je choisis Le Palais des Sports 81, même si je triche un peu. (rires) Ce spectacle est le premier que j’ai vu à Paris. Ce fut un choc pour moi : j’ai mis une semaine à m’en remettre. Je l’ai raconté à Sylvie qui a bien ri !
Pour les années 90, là ce n’est pas compliqué car il y a vraiment de très bons albums. Toutes les femmes ont un secret est un de mes albums cultes. Là encore, tout est parfait de la pochette de Peter Lindbergh aux chansons de Cocciante, Plamandon, Simon, Murat… Je l’écoute souvent et toujours avec beaucoup de plaisir.
Dans les années 2000 j’ai aimé l’album Sylvie produit par Paul Manners. Un album ambitieux qui, avant le Confessions on the Dancefloor de Madonna, revisite le disco sur certains titres. Une réussite.
Pour 2010, ma préférence va à Soleil bleu. Je ne suis pas objectif car j’ai assisté à tout l’enregistrement de l’album avec Sylvie pour les besoins d’un coffret Fnac. J’adore ses deux duos et j’espère que Sylvie va très vite retravailler avec Julien Doré ! J’espère dès 2018 !
Vous allez aller la voir à l’Olympia en septembre ?
Évidemment ! En plus Sylvie m’a promis de chanter ma chanson préférée Merveilleusement désenchantée. Je suis impatient d’autant qu’elle m’a soumis le set-listing de son spectacle. Vous allez être très très surpris. Faites-moi confiance !
Propos recueillis à Paris en juillet 2017